Le pianiste Franco-Israélien Yaron Herman sort chez Naïve un nouvel album intitulé « Alma » qui nous entraîne dans un voyage musical dont il a le secret à travers dix-sept plages regroupées sur quatre modules où l’improvisation règne en maître.
Si l’on savait l’artiste doué, on le retrouve ici dans un travail où la concentration se mêle à l’évasion et où, au fur et à mesure que l’on découvre les morceaux, on se sent pris par les notes en se laissant guider par celui qui, à 41 ans, est devenu l’un des pianistes majeurs de la scène jazz actuelle.
Alors oui, c’est sans doute à cause d’une vilaine blessure au genou que Yaron Herman passionné de basket va se mettre au piano, à 16 ans et devenir, au fil des ans, le pianiste brillant que l’on se plait à redécouvrir à chaque sortie d’album.
Mais s’il en est là aujourd’hui, c’est qu’il a su développer un talent unique avec ce jeu intense qui lui permet de nous surprendre que ce soit en duo, en trio ou comme aujourd’hui en solo.
Il nous gratifie ainsi de ce jeu fluide et d’une extrême légèreté pour nous offrir des morceaux plutôt courts mais sur lesquels Yaron Herman va, comme il le précise, à l’essentiel, en dehors de tout concept prédéfini, de plan, d’idée, de thèmes particuliers, en se mettant simplement au piano et en se laissant guider par l’inspiration…
Une sorte de page blanche qu’il remplit au fur et à mesure que les notes s’égrènent et qui s’inscrit dans un remarquable travail d’improvisation à la fois inspiré et inspirant.
Qui dit pièces courtes ne signifie pas forcément travail rapide tant le volume qu’il donne à chacun des morceaux est impressionnant.
On le retrouve ici, dans cet exercice souvent délicat qu’est le solo, se jetant dans le vide, nourri qu’il est d’influences multiples pour nous faire entendre et apprécier ce qui s’apparente pour lui à une danse intérieure.
Certaines références classiques, jazz, pop accumulées au fil du temps ressortent dans ce voyage intérieur à travers lequel Yaron Herman s’adresse à l’âme, l’esprit qui, selon lui, a toujours quelque chose à nous indiquer.
Le titre de l’album n’est bien sûr pas étranger à ce qu’il a voulu transmettre à travers cette narration intuitive, musicalement parfaite et qui place une fois de plus le pianiste, qui fut, je le rappelle, Révélation instrumentale aux Victoires du Jazz 2008, au rang des musiciens qui ne vous laissent pas indifférent.
Un nouveau défi, rempli pour lui, où se mêlent poésie, tendresse et sensualité et où Yaron Herman a su nous ouvrir, en quelque sorte, les portes de son âme…
Laurent Bonnefoy / Radio 16