“Three colors”
Yakir Arbib
JMS records
« Three colors », le nouvel album du pianiste d’origine israëlienne Yakir Arbib sorti dernièrement sur le label JMS cher à Jean-Marie Salhani.
Trois couleurs pour un trio qu’il compose avec Chris Jennings à la contrebasse et Roberto Giaquinto à la batterie et qui, dès les premières notes, nous transporte dans un univers musical repoussant les frontières du jazz pour nous dévoiler un jeu pianiste exceptionnel.
Dès lors, on profite avec délice de cette immense sensibilité qu’il met au profit de sa musique n’oubliant pas de laisser la place qu’il faut à ses acolytes qui profitent de l’occasion pour dévoiler, à leur tour, l’étendue de leur talent.
Yakir Arbib, aveugle de naissance, est également synesthète, c’est à dire qu’il voit, comme le faisaient d’ailleurs d’illustres prédécesseurs tels Duke Ellington, des couleurs lorsqu’il entend de la musique…Ainsi, chaque note possède pour lui une personnalité…
Et, lorsqu’il compose les couleurs sont là avant les notes…
On ressent chez lui une solide formation classique dont il s’est servi pour se plonger dans le jazz dont il apprécie aujourd’hui la souplesse et qui lui permet de mettre en avant ses talents d’improvisateur.
Tout au long de l’album composé de dix plages dont deux reprises, le trio nous subjugue par la complémentarité qui s’affiche entre trois musiciens qui combinent élégance, technique infinie et groove énergique.
On retrouve sur plusieurs titres cette référence aux couleurs point de concordance d’un album d’une évidente richesse.
Une palette sonore colorée dans laquelle les musiciens puisent pour nous faire voyager sur des tempos venus d’Orient ou d’ailleurs.
Chris Jennings et Roberto ont trouvé leur place auprès de Yakir Arbib qui avoue malgré tout que le solo reste pour lui l’exercice où il se sent le plus libre, le plus naturel…
L’exercice en trio reste une belle réussite offrant au pianiste l’énergie nécessaire pour surfer entre classique et jazz en réservant à l’auditeur de bien belles séquences.
Ce qui est sûr, c’est que cet album comporte bien que les trois couleurs d’un trio, aussi magique soit-il, mais nous offre avant une musique profonde où chaque note jouée prend son sens et que l’on se plait à écouter d’un bout à l’autre avec un profond plaisir…
Laurent Bonnefoy / Radio 16