Sylvain Rifflet “Refocus”

Verve

Le dernier projet du saxophoniste Sylvain Rifflet, auréolé d’une belle victoire de la musique dans la catégorie « Meilleur album jazz » en 2016 avec « Mechanics », nous revient avec «Refocus», un album hommage au «Focus» où Stan Getz improvisait sur la musique écrite par le compositeur Eddy Sauter pour un orchestre à cordes, c’était en 1961…

Hommage inspiré s’il en est car, loin de la simple imitation, Sylvain Rifflet impose un style et réaffirme les passerelles existant entre le classique et le jazz en nous faisant profiter de l’étendue de son talent, tour à tour compositeur, interprète ou improvisateur…

Car, contrairement à l’association Getz/Sauter où chacun avait un rôle prédéfini, Sauter écrivant la musique et Getz la jouant, ici, Sylvain Rifflet a écrit la musique sur laquelle il improvisera…

Il est ensuite aidé dans sa tâche par son ami Fred Pallem, chargé de soigner les arrangements et faire le tri dans ce qui pouvait convenir ou pas…et bien sûr par l’orchestre Appassionato créé par Mathieu Herzog, sélectionné pour le projet ainsi que par l’apport d’une rythmique de choix, avec le batteur Jeff Balard et le contrebassiste Simon Tailleu.

Se situant entre écriture symphonique et improvisation, cet album respire la douceur tout en dégageant une belle énergie. La différence entre les genres existe bel et bien et s’entend, dès le premier morceau, avec ce qu’impose le rythme et le tempo entretenu par le jeu caressant du batteur très présent au milieu des cuivres…

Si l’on écoute «Focus» puis «Refocus», on trouve bien sûr des résonances évidentes, l’idée de départ restant très proche.

Sylvain Rifflet réussit malgré tout à signer une partition empreinte de modernité, ce qui paraît normal après-tout, en développant son propre jeu et en donnant à son propos mélodique toute sa substance…

Il semble avoir trouvé, pour l’occasion, un son qui donne à ses chorus un lyrisme particulier et un raffinement certain.

En proposant cet album à Sylvain Rifflet, le label Verve, tout en gardant Stan Getz dans le rétroviseur, nous dévoile une étape supplémentaire dans la carrière du saxophoniste français qui, au-delà du rêve qu’il réalise, s’impose ici comme l’un des musiciens les plus créatifs de sa génération…

Laurent Bonnefoy / Radio 16

 

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