La musique de Sunny Five (Tim Berne, Marc Ducret, David Thorn, Devin Hoff, Ches Smith) ne fait pas dans la dentelle. Du moins, celle de Calais. Elle témoigne néanmoins assez bien d’une époque gorgée de déconstructions, de dangers et de contradictions. Elle n’est pas aimable et ne le redeviendra que lorsque la sagesse refera surface. Et encore, pouvons-nous en douter.
Deux guitares en fusion donc et loin des héroïsmes guitaristiques mais si près de la morsure sismique ultime. Quelques « calmitudes » surgiront bien ici et là mais elles ne feront qu’interroger l’attente des orages annoncés.
Tim Berne, ici uniquement au saxophone alto, abandonne la cohérence du jeu et des harmonies toutes faites pour s’accorder au désordre avec grande gourmandise. Rien ne s’accroche à son souffle si ce n’est le plaisir du hors-piste. Et quand renait une frange d’harmonie (Scratch) ce n’est que pour mieux la laisser s’emporter vers des obsessions sans fin.
Quand à Devin Hoff et Ches Smith, toute liberté leur est laissée. A eux de défendre des rythmes qui n’en sont pas et d’entretenir à haut volume les déflagrations-secousses sans cesse demandées par leurs camarades.
Luc BOUQUET