Soirée de clôture au Festival des Vents

SOIRÉE DE CLÔTURE DU 20ème FESTIVAL DES VENTS

Morières lès Avignon vendredi 9 septembre

Ce joli petit festival qui se déroule sur plusieurs dates (cette année les 29 juillet, 26 et 27 août et le 9 septembre) fêtait son vingtième anniversaire avec une surprise finale de taille, la venue exceptionnelle en France du pianiste Darius Brubeck, fils du célèbre Dave Brubeck, pour un concert à guichet fermé.

La soirée commence par une mise en bouche dirais-je très appétissante et joyeuse en la personne du pianiste Ahmet Gülbay en trio, accompagné de Jean-Marie Lagache à la batterie et Olivier Rivaux à la contrebasse. Le pianiste avait fait la seconde partie de la soirée de ce 26 août en quintet mais s’était également produit le premier septembre 2019 pour un concert intitulé “Brubeck Time”. Et lors de cette soirée, il avait appelé Darius Brubeck présent dans la salle en spectateur pour lui céder sa place au piano. D’où l’idée cette fois de lui consacrer la place d’honneur. Ahmet Gülbay bien connu sur les scènes parisiennes et animateur des nuits de Saint-Germain des Prés mais aussi jouant pour des films de Claude Lelouch, fait référence aux plus grands pianistes de l’histoire du jazz (Oscar Peterson, Errol Garner, Monty Alexander et aussi Fats Waller) avec un swing très enjoué et communicatif qui a fait le bonheur d’une salle archicomble en reprenant de grands standards. Le batteur et le contrebassiste sont très recherchés également en sidemen et sont les compagnons idéaux pour ce type de répertoire. Cette première partie se termine par l’invitation surprise du chanteur crooner (également guitariste) Jérôme Pigeard, grand admirateur de Nat King Cole qui est dans la salle, concluant avec un “Fly me to the Moon” de Sinatra et un “Gone with the Wind ”d’Ella Fitzgerald bien scattés et enlevés que le public applaudira chaleureusement.


La salle se remplit encore et on rajoute des sièges pour la venue du sosie de son père Dave, le pianiste Darius Brubeck. Beaucoup debritanniques étant dans la salle, une minute de silence est imposée par respect en raison du décès de leur Reine. Darius Brubeck disparu il y a 10 ans aurait eu 100 ans en 2020. Qui ne connait pas Take Five son morceau phare ? Ou le Blue Rondo à la Turk qui sont dans l’album “Time Out” ? Darius Brubeck vit en Grande Bretagne depuis 2006 tout comme les membres de son quartet qui sont Dave O’Higgins  au saxophone ténor, Matt Ridley à la contrebasse et Wesley Gibbens à la batterie, présents depuis la création du groupe en 2010.

Compositeur et également enseignant auparavant en Afrique du Sud puis à Londres, il a su s’entourer de ces trois musiciens vraiment formidables. Ainsi Dave O’ Higgins a 23 albums en tant que leader à son actif. Le dernier “That’s the Way to Live” (2021) a reçu d’excellentes critiques partout. Matt Ridley quant à lui est bien connu sur la scène jazz britannique à la fois en tant que sideman et leader. Un de ses derniers albums, “The Antidote” (2021) a été placé dans les 20 meilleurs albums de jazz de 2021 par différents sites. Quant au batteur Wesley Gibbens d’origine sud-africaine, sa carrière est également prolifique. Donc, quatre musiciens hors pair qui nous interpréteront une musique haut de gamme, fluide et jouissive, tirée en majorité de leur dernier album “Live in Poland” sur le label Ubuntu Music, mais pas que. Cet album a été enregistré en Pologne en 2018 dans le prestigieux Blue Note Jazz Club à Poznan à l’occasion du centenaire de l’indépendance restaurée du pays, mais aussi, à l’occasion de l’anniversaire de la tournée pionnière de son père Dave en 1958, la première d’un groupe occidental derrière le rideau de fer.


Ils n’ont jamais joué en France et c’est le hasard doublé de ténacité qui ont permis de les faire jouer à Morières. Avec des compositions personnelles mais aussi des reprises de celles de son père, ils commencent par Earthrise, puiscontinuent avec Matt The Cat égalementpersonnel pour continuer avec une reprise de Hugh Masakela, Nomali, une petite merveille de douceur. Ils enchaîneront avec d’autres compositions comme Riviera Winter, souvenir d’un séjour dans le sud de la France tirée de l’album “Cathys’Summer” et In The Spanish Mode tirée de l’album “Years Ago”, puis ils reprendront The Duke en hommage à Darius Milhaud dont son père fut l’élève (et voilà l’origine du prénom du pianiste) joué aussi par Miles Davis et termineront bien sûr avec un Take Five endiablé qui a fait ressusciter Dave Brubeck ce soir-là à Morières où nous fûmes privilégiés d’écouter ce quartet britannique très réputé outre-manche. Ils reviendront en rappel avec un hommage à son grand-père à travers un très joli blues I’m an Old Cowhand from The Rio Grande où une standing ovation fut accordée au quartet par une salle très chaleureuse où Philippe Renaud le président du Festival des Vents a dû refuser du monde. Bon anniversaire donc à ce festival à qui je dédie cette phrase d’Aznavour : “Lorsque l’on tient Entre ses mains Cette richesse Avoir 20 ans, des lendemains pleins de promesse…”

Rendez-vous donc l’année prochaine et merci à l’équipe du festival !

Florence Ducommun, texte et photos

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