Que d’évidences ici, le secret des sons étant le terrain de jeu favori de Satoko Fujii et Otomo Yoshihide. L’intérieur du piano est un ogre sonique où l’on gronde, vitupère, hurle, murmure, strie, lacère, assombrit. Les cordes en acier de la guitare planifient de courtes harmoniques, impulsent un très peu perceptible mouvement. Et quand piano et guitare se souviennent de ce qu’ils sont à savoir des instruments mélodiques tout semble possible : de sombres climats-esquisses où le cluster veille et où la guitare emprunte la distorsion habile, brefs chaos en attente de silence et d’arpèges faméliques afin de remonter vers de nouvelles sensations. On assiste alors à une réunion d’harmonies amies et pointilleuses avant nouvelles embardées.
S’affiche ainsi la facilité qu’ont les deux musiciens à entretenir des formes fortes et conquérantes. Vont ainsi suivre et s’aimanter des tensions sans drame et de grande intensité et des détentes étranglées et austères soit une manière de renverser les codes et de faire accepter le possible de toute situation. Et quels grands improvisateurs bien sûr.
Luc BOUQUET