Rodolphe Lauretta « Raw »

 

Label: Onze Heures Onze/Socadisc


A une époque où beaucoup de jeunes musiciens de jazz sortent des conservatoires bardés de diplômes et parfois trop formatés, il est de plus en plus rare de rencontrer des jeunes gens qui ont fait leur apprentissage à l’ancienne, sur le tas.
Né à Amiens d’un père martiniquais et d’une mère guyanaise, Rodolphe Lauretta a commencé le saxophone alto à 16 ans en autodidacte, les samples de ses disques de hip-hop l’amenant à s’intéresser au jazz et au funk. La découverte de Kind of Blue de Miles Davis et de Outward Bond d’Eric Dolphy finirent de convaincre ce garçon curieux de creuser son propre sillon dans la musique afro-américaine.
Quelques années plus tard, voilà qu’il nous présente son premier disque dont l’essentiel est en trio saxophone/contrebasse/batterie, une formation sans instrument harmonique qui ne tolère pas la médiocrité et qui n’emprunte pas les chemins de la facilité. Soutenu par une rythmique remarquable (Damien Varaillon et Arnaud Dolmen), indispensable dans ce genre d’exercice acoustique, Rodolphe Lauretta parvient à très bien doser énergie (grande) et émotion (certaine) pour réussir pleinement un premier album sans concession.
Trois invités apparaissent sur trois morceaux différents, la chanteuse Charlotte Wassy, le trompettiste Olivier Laisney et le rappeur américain Theorhetoric, ce dernier aux antipodes d’un rap français trop souvent aussi pauvre que prétentieux. Vous l’aurez compris, on sort ici des sentiers musicaux parfois rebattus aujourd’hui et ce disque est à découvrir pour tous ceux qui pensent que le jazz est encore bien vivant.

Philippe VINCENT  

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