Respire Jazz 2017

Le jazz grandeur nature

A côté des grosses machines que sont les festivals de Vienne ou de Marciac, des manifestations à taille plus humaine maillent le territoire à la belle saison et on y trouve souvent une programmation originale et une ambiance très conviviale. Parmi ces « Petits Poucet » du monde festivalier, Respire Jazz se singularise d’abord par une programmation qui fait la part belle à la jeune génération des musiciens français. Pas étonnant puisque le fondateur et directeur artistique du festival n’est autre que Pierre Perchaud, trentenaire lui aussi qui a fait chanter sa guitare aux côtés de Vincent Peirani, Anne Paceo, David Enhco ou Christophe Panzani qui sont tous venus à Respire les années précédentes. Mais le jeune directeur artistique sait mélanger habilement dans ses programmes ses potes de musique avec des musiciens encore plus jeunes (souvent issus du Centre des Musiques Didier Lockwood) et avec des seniors ou des artistes établis. Philip Catherine, Jerry Bergonzi, Chris Cheek, Youn Sun Nah ou Bojan Z ont ainsi pris un immense plaisir à venir jouer au milieu de nulle part, en plein milieu de la campagne charentaise.

Car Pierre Perchaud a voulu créer ce festival dans sa Charente natale et il a trouvé, à une trentaine de kilomètres au sud d’Angoulême, une ancienne abbaye qui lui offre un cadre de rêve où s’installe chaque année au début de l’été une cinquantaine de bénévoles qui s’affèrent en tous sens pour donner naissance à l’évènement. On y tombe vite sous le charme d’une ambiance champêtre où l’on écoute la musique assis sur des bottes de foin et où on mange bio sous les arbres, comme si on préparait un monde meilleur. Et, après les concerts, carte blanche est donnée aux musiciens dans des jam sessions qui peuvent durer jusqu’à l’aube. On se souvient encore d’Anne Paceo qui, après son concert, ne lâcha pas sa batterie avant quatre heures du matin. Cette ambiance de club de jazz à ciel ouvert est une autre particularité attachante de Respire Jazz, comme si le festival voulait montrer que la musique ne se fait pas que sur scène à un mode tarifé mais qu’elle peut se respirer à pleins poumons tout au long de la journée et de la nuit.

Philippe VINCENT

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