DISQUE DU MOIS
Proposé par Philippe VINCENT
On avait découvert ce jeune prodige de la batterie avec son premier disque paru il y a trois ans avec le même quartette (si ce n’est qu’Aaron Goldberg alternait avec Mikadze au piano), et ses concerts au Festival Respire Jazz et à celui d’Anglet nous avaient confirmé tout le bien qu’on pensait de lui. Personne ne le connaissait alors en France puisqu’il s’était exilé aux États-Unis dès l’âge de vingt ans et il revenait dix ans plus tard la tête pleine de musique. S’il avait mis alors à son répertoire aussi bien Ravel qu’Ornette Coleman ou Miles Davis, il présente aujourd’hui un album constitué uniquement de ses compositions, lesquelles sont “originales” à plus d’un titre. Invitant le champion allemand de la techno Acid Pauli, il réussit à l’intégrer parfaitement à sa musique plutôt que de le superposer à son quartette. Le résultat est étonnant de cohérence, nous plongeant dans un univers où les sons acoustiques et électroniques ne font qu’un, savamment mêlés avec goût au service des compositions du leader. Il faut dire qu’entre les envolées lyriques du saxophone de Miguel Zenon, les parties de contrebasse de François Moutin et le piano de Giorgi Mikadze dont chaque note semble pesée, les deux co-leaders sont sacrément épaulés. Une musique parfois mystérieuse et onirique où les rythmiques peuvent se tailler une part du lion qui laisse un côté sauvage à un ensemble particulièrement pensé et travaillé. Une rencontre fusionnelle entre jazz et électro.
[PhV]