On connait Pierre Perchaud depuis longtemps pour ses multiples participations aux disques des autres mais on avait oublié qu’il pouvait aussi être leader d’un projet. Sept ans, je crois, qu’il n’avait pas endosser ce rôle et c’était à l’époque en partage avec le trio Fox et le saxophoniste américain Chris Cheek. Le guitariste revient cette fois-ci en compagnie de musiciens-amis qu’il connait bien (c’est avec eux qu’il avait formé le groupe Watershed il y a une dizaine d’années) auxquels vient s’ajouter le tromboniste Robinson Khoury. L’album démarre par un morceau particulièrement enlevé à la guitare électrique (Go On), Perchaud semblant nous dire que le temps du silence est terminé et qu’il va falloir à nouveau compter avec lui sur le devant de la scène. Mais, bien vite, il est rejoint par le son majestueux du trombone qui montre, une fois de plus, combien son association aux six cordes est particulièrement savoureuse (Blankfull). Mais oublier les autres musiciens serait un péché tant le saxophone de Christophe Panzani se glisse avec élégance entre les volutes sonores de Khoury, Tony Paeleman engageant son synthétiseur dans le jeu collectif avec justesse, sans jamais saturer l’ensemble mais toujours avec un à propos qui force le respect. Quant à Karl Jannuska, on sait qu’il peut être d’une efficacité redoutable sur les morceaux plein d’allant et on connait sa finesse sur les ballades qu’il aime caresser de ses baguettes. Le ton d’ensemble peut être vif, tonique, alangui, nostalgique ou poétique, la musique est toujours belle. Vous l’aurez compris, voilà un album plein de richesses multiples qui dessine les contours de l’identité musicale d’un guitariste à la croisée des chemins entre un passé déjà brillant et un avenir encore plein de promesses.

[PhV]