Immensité d’univers inconnus, océans capricieux, besoin fou de découverte de mondes nouveaux, aspiré par l’appel d’aventures, de conquêtes, de connaissances, naviguant des décennies durant, explorant les univers du jazz, révolution bop, messager portant la flamme de “Buhaina”, mouche du coche de Miles, flirtant librement à la lisière du “free”, aspiré par l’ouragan Coltrane, extirpé de ce tourbillon modal, par un ” bulletin météorologique ” électrique, voguant en “voyageur mystérieux” dans les turbulences d’un “temps orageux”, sage philosophe, Wayne Shorter a traversé ces mondes, avec une sagesse singulière.
Puis, en âge de cultiver paisiblement son jardin musical, profitant de l’expérience d’une vie d’aventures, de rencontres, de découvertes, de partages, de connaissance, Shorter, explorateur-navigateur, s’est plongé dans dans l’inconnu, à la conquête d’un univers du jazz non défriché, en compagnie de vieux adolescents intrépides, Perez, Patitucci, Blade, quartet expérimentant depuis prés de vingt années, créant une musique naissant du presque rien, de quelques bribes de notes évoluant comme une matière organique, en mouvement perpétuel, stimulée par l’improvisation collective, sans les rides de l’âge, sans la blancheur capillaire, sans rhumatismes, sans courbatures, sans arthrose, avec la fraîcheur juvénile de Shorter, jeune homme espiègle octogénaire, sublimé, transcendé, créant dans l’instant avec ses partenaires, une musique simplement, extraordinaire.
Christian POUGET