Le 6 juin 1980 restera une date charnière pour moi. Ce jour-là je rentrai dans l’âge adulte : dix huit ans et (presque) toutes ses dents. Et au lieu de me cuiter tristement et bêtement, j’aurais été plus inspiré de me rendre à Zürich écouter le quartet de Pharoah Sanders. Problème : à cette époque, Pharoah était un total inconnu pour moi. C’est donc à ma demande (mais non je blague !) que Jazzline Classics et NDR Kulture ont enfin édité cette petite perle.
Les thèmes de Sanders en concert sont alors centrés sur You Gotta Have Freedom et Dr. Pitt. Le pianiste John Hicks (immense John Hicks, celui qui, ici, allume la mèche) se taille la part du lion tandis que son leader fait rugir ses rauques harmoniques comme le jeune lion qu’il est encore. Avec It’s Easy To Remember, impossible de ne pas penser à Coltrane : même mélancolie, même beauté du grain, même tendresse affichée et répartie. Magnifique conclusion avec Greetings To Idriss : joie, élan, partage, félicité-fertilité soit une musique tel un appel à nous rassembler. Peace on Earth. Vomissons les belliqueux.
Immense figure de la première génération des saxophonistes free, immense inspirateur de la seconde génération des saxophonistes free, Pharoah…Comment dire ? Pharoah, tu nous manques.
Luc BOUQUET