CD 1 «À l’est du soleil» en duo
CD 2 «Programmes communs» avec invités
Tout comme les disques Nato (son producteur signe ici quelques lignes pertinentes), les productions In Situ se font trop rares. Ils n’en sont donc que plus précieux et plus attendus ces mini coffrets rouges (le plus souvent avec double CD) concoctés avec soin, amour, artisanat et réservant toujours de belles surprises.
Le premier CD met en scène l’altiste Guillaume Roy et le violoncelliste Didier Petit (le boss du label). Les voici enfin réunis en duo, eux qui se sont souvent croisés au sein de multiples formations ces dernières années. Et celles qui se croisent et se recroissent ici ce sont les cordes : huit cordes qui sonnent comme une cinquantaine, huit cordes qui tissent un relais entre amour et mélancolie. Elles gambaderont d’un essor printanier où se figeront sur un plan fixe qu’il conviendra de combler d’un unisson intranquille. Elles atteindront quelques cimes inouïes. Elles danseront quelque joyeuse sarabande, frotteront là où ça fait du bien. Elles seront ainsi coriaces, tendres, fureteuses, furieuses, investies… j’en passe et des meilleures. Et si parfois, elles résultent explosives, elles ne seront en rien guerrières. Et surtout : elles seront toujours amies, toujours liées, toujours liantes.
Toujours maîtres d’œuvres sur le deuxième CD, Didier Petit et Guillaume Roy invitent six amis musiciens à partager leurs univers en sept trios dont un doublé. Univers enrichi par le poète-vocaliste Kristof Hiriart multipliant les langages d’un chant aux souplesses étendues et à même l’émoi (langues comme une, programme commun). Le sens des espaces, le velouté de la clarinette de Catherine Delaunay argumentent l’improvisation de sensibles accents contemporains ; élans croisés où s’attendrissent les traits mélancoliques de multiples mélodies (l’arbre à palabres). Les archets ne font pas que vibrer les cordes de l’alto et du cello mais également les cymbales de Michele Rabbia pour un trio aux longues respirations (la position du trépied). Souffles épars puis se resserrant au contact du saxophone baryton de Daunik Lazro, l’improvisation insiste sur le murmure avant que ne se crispent ces mêmes souffles (la vie des strates). Le yangqin (cithare sur table chinoise) de Yaping Wang, là aussi murmure puis se prolonge en de vastes champs-chants soniques (douceur carmin). Le souffle est bel et bien continu entre le trombone de Christine Bopp et nos deux amis : souffle-sentier aux abords protecteurs et inspirants (souffle commun).
Voilà, on attend avec impatience le prochain mini coffret rouge sang.
Luc BOUQUET