Rage naissant de l’injustice et de la cruauté, « Fuck the Boers »,
hurlement provoqué par l’effroi face à la sauvagerie humaine, « Die like a dog »,
fureur sonore pour exorciser des maux incurables, « Machine Gun »,
fracas chaotique ébranlant les dictats, « Last Exit »,
Colosse surgissant pour anéantir toutes ces laideurs, brandissant ses saxophones comme des tronçonneuses pour massacrer des tyrans, Brötzmann lacère, broie, transperce, déchire, concasse, triture le son, éructant dans ses ténors, altos, barytons, tarogato et clarinettes, tel un guerrier aux forces décuplées par l’engagement acharné de son combat, exalté par l’ivresse des sons jaillissant de ses cornes, musicien emblématique d’un univers sonore inouï, produisant avec ses frères d’âmes et d’armes, une musique radicalement libertaire, d’une sauvage beauté, qui, parfois atteignant les limites de l’épuisement, laisse percer l’espoir au milieu du cataclysme, une frêle mélodie, un rêve apaisé emprisonné dans un cauchemar, où des larmes de joie suintent, puis se transforment en sanglots ruisselant à travers les failles de murs sonores, pour se souvenir de « life and death of Albert Ayler ».
Christian POUGET