Le guitariste montpelliérain Patrice Soletti, habitué à collaborer avec divers domaines artistiques, fait aujourd’hui un tour du côté de la radio. En associant son jeu singulier à une fiction radiophonique live, il ouvre toujours plus le champ des possibles. En pleine séance de travail, Patrice nous a reçu dans son laboratoire pour partager sa vision de la musique dans ce contexte de création.
Le Mexicain est une création sonore originale qui retrace l’histoire de Felipe Rivera : boxeur, mexicain et révolutionnaire. La voix du narrateur Guillaume Malvoisin rencontre un duo insolite composé de Patrice Soletti et Christophe Pierron. Ici, la guitare deale avec les traitements sonores pour une relecture nerveuse et resserrée du récit de Jack London.
En concert à Dijon le 14 mars 2019 à l’Atelier Chiffonnier dans le cadre de la Bloc Party #3
RENCONTRE
Comment allez-vous procéder en duo ?
On a travaillé l’idée d’une sorte de combat. Comme si nous étions tous les deux en train de boxer. On va se partager les rôles en terme de timbre, de dynamique. Lui est dans des choses concrètes comme des bruitages et des drones qui perdurent. Par exemple, il envoie des bruits de foule sur le match de boxe ce qui amène un côté plus radiophonique.
Est-ce un exercice de style ?
C’est un travail très radiophonique, on est entre le film et l’évocation. C’est difficile de ne pas éluder l’illustration car il faut marquer le coup et en même temps le faire de façon suffisamment fine pour que cela semble naturel. On parle de combat, de violence, il ne s’agit pas de le surjouer mais de mettre ça en musique et en contraste avec le folklore mexicain.
As-tu exploré le répertoire musical mexicain ?
J’ai cherché un tas de trucs sur la musique traditionnelle mexicaine. Cela dans une volonté de marquer le territoire d’une façon claire, comme au théâtre. Et se poser la question de comment on l’interprète, comment on le réintègre. Il existe de nombreuses transcriptions de mariachis qui se jouent à plusieurs guitares mais j’ai eu du mal à trouver des pièces pour guitare solo. Il faut chercher encore !
Comment vas-tu apporter ton univers personnel ?
En essayant de me servir de ce prétexte là pour réinvestir ma personnalité musicale tout en étant « au service » du texte en trouvant des correspondances. J’ai vraiment envie de développer des trucs de Noise, très très denses comme si on était à l’intérieur d’une machine à laver, des trucs qui remuent, assez hypnotiques, qui donnent un peu la gerbe !
Quel est ton rapport au texte ?
C’est le texte qui sert de cadre. Il faut arriver à créer de la place pour que le texte apparaisse. Ce n’est pas qu’un accompagnement. Il faut faire de la musique avec le texte et l’important est que je reste toujours dans un geste musical. Ce n’est pas comme un concert totalement improvisé. Ici le texte fait que rien n’est anodin, on ne peut pas faire que des morceaux qui s’enchaînent. Il faut qu’il y ait une cohérence tout du long avec la couleur que l’on met dès le départ.
C’est un laboratoire !