Bienvenue dans l’univers d’un créateur d’atmosphères avec « Ghosts » le nouvel album du pianiste Michaël Wollny sorti il y a quelques mois chez Act, l’incontournable label indépendant de jazz allemand.
Un univers bien personnel que nous déroule donc celui qui semble fasciné par ces ambiances oniriques et spectrales qui poussent bien souvent l’improvisateur à se replonger dans des souvenirs d’écoute avant de servir sa version et revisiter, avec beaucoup d’à propos, des morceaux qui ont longtemps hanté les esprits.
Michaël Wollny s’est entouré pour l’occasion de deux complices à la fois incontournables et choisis pour leur pouvoir d’adaptation à un tel projet. Comme il le précise par ailleurs, les trois semblent imbriqués de manière très spéciale et inexplicable.
Le batteur Eric Schaefer tout d’abord, dont la sensibilité n’est plus à démontrer et le bassiste américain Tim Lefebvre que l’on retrouve ici huit ans après une première collaboration, toujours prêt à innover.
L’enregistrement de « Ghosts » a fait l’objet d’une réflexion sur l’opportunité d’un album revenant sur le concept d’hantologie, à savoir des œuvres qui se construisent à partir d’une trace en provenance du passé.
Sortes de fantômes qui hantent le pianiste et l’inspirent sans doute lorsqu’il se lance dans des improvisations détournant, grâce à des choix mélodiques intéressants mais sans en dénaturer le sens, des morceaux qui ont c’est sûr hanté ses souvenirs.
On retrouve ainsi les incontournables classiques « I loves you Porgy » ou encore « In a sentimental mood » revisités de manière inédite et révélant sans doute une autre facette de ce qu’il pouvait offrir à l’origine.
Mais au delà de ça, Michaël Wollny nous fait profiter de sa palette musicale de Schubert à Nick Cave, réussit à glisser quelques chansons que l’on situerait dans le genre populaire, redonne à « Ghost », du groupe anglais Japan, une originalité où piano, cymbale et électronique cohabitent de manière séduisante, sans oublier deux titres originaux « Hauntology » que Wollny situe dans un monde pop parallèle et étrange et « Monsters never breathe » dont il étire la mélodie à l’infini.
Un concept sonore élaboré et mûri avec la complicité des deux coproducteurs de l’album Guy Sternberg et Andréas Brandis et qui, au final, nous plonge dans l’univers d’un Michael Wollny imprégné d’un jazz qu’il modernise et réinvente, nous faisant ainsi partager avec un réel bonheur ses chansons fantômes…
Laurent Bonnefoy / Radio 16