Marteau Rouge, celui de Jean-François Pauvros, Jean-Marc Foussat et Makoto Sato pas celui de Guérineau, Marmande, Gerber remet le couvert avec Evan Parker. Marteau Rouge s’était déjà produit aux côtés du maître de la respiration circulaire. C’était en 2008 et un Compact Disc en témoigne (Marteau Rouge Live / In Situ). Voyons ce que nous écrivions alors : « ça grouille, ça gronde, ça menace, ça frappe fort et dur à la face des hiérarchies… ils sont bloc et union ».
Un an plus tard, nous les retrouvons aux Instants Chavirés de Montreuil et bien sûr, ils sont toujours bloc et union. La dureté n’est plus vraiment de mise, il semble qu’elle soit, ici, d’avantage contrôlée, d’avantage apaisée. A leur déjà très riche vocabulaire, ils ont rajouté le chuchotement, l’économie du geste. Le terrain n’est plus une succession de tensions-détentes mais un centre d’observation où le lyrisme s’offre au grand jour.
Bien sûr les plans-séquences ne se privent ni de contemplatif ni d’éruption et, ici, chaque plan-séquence possède sa raison d’être. La suspension, par exemple, ne sera en rien anecdotique mais nécessaire terrain de jeu pour encore plus creuser les matières, matières bues jusqu’à la lie.
Sans jamais se compromettre et quel que soit le contexte Foussat, Pauvros, Sato et Parker restent eux-mêmes, chacun poursuivant son expérimentation non pas en solitaire mais entourés d’amis aux oreilles grandes ouvertes. L’improvisation permet cela tout comme elle permet toutes sortes de naufrages. Ici la traversée fut belle, pleinement belle.
Luc BOUQUET