Il en était ainsi : puisque l’ailleurs était interdit (le confinement), seul l’ici restait possible. Et cet ici si l’on en juge les photographies du livret possédait grand charme : un petit coin de terre entre rivière et marais et où les quatre musiciens se rejoignirent pour interpréter ces quatre pistes-saisons. N’ayant pas été pourchassés par quelque drone inquisiteur (on se souvient de la mésaventure subie par un malheureux chercheur de champignons), Marc Ducret, Fabrice Martinez, Christophe Monniot et Samuel Blaser enregistrèrent quelques mois plus tard en studio les compositions du guitariste.
Et tous, ici, de se croiser, enchevêtrements de souffles et de lignes où s’échangent les rôles, le soliste devenant l’accompagnateur de l’autre les mesures suivantes. De cette savante stratigraphie (et sonnant toute naturelle à nos oreilles) s’élaborent de hauts sommets : un limpide et chatoyant solo d’alto, une trompète allègre et automnale, un saxophone baryton et une guitare s’amusant de leur collision, un trombone printanier et annonceur de beaux présages, le tout argumenté par une guitare-guide du plus bel effet. C’était l’ici. Demain l’ailleurs ?
Luc BOUQUET