Leïla Martial (Voix, glockenspiel, senza), Pierre Tereygeol (Voix, guitare), Eric Perez (Voix, guitare, percussions)
Label : Laborie jazz
Distribution : SOCADISC - IDOL
Depuis son premier album publié en 2012 par Jean-Jacques Pussiau sur son éphémère label Out Note, Leïla Martial n’a jamais abandonné sa quête d’une musique aussi originale qu’inventive.
Le trio Baa Box qu’elle inaugura avec Babel (2016) fut une suite logique pour cette inlassable exploratrice de la voix et ce sont ses deux mêmes compagnons de route que nous retrouvons aujourd’hui dans un nouvel opus qui laisse moins de place à l’électro.
Manifestement, la permanence du personnel a permis au trio et à la chanteuse d’approfondir leur identité musicale loin des genres vocaux formatés. Leila Martial puise son inspiration plutôt chez les pygmées, les inuits et les tziganes, voire dans le flamenco, que dans le répertoire de l’American Song Book et son chant au carrefour des possibles rend son art inclassable. Elle explore les chemins du futur, à moins que ce ne soient ceux d’un monde imaginaire où elle essaie d’inventer les contours d’un univers sonore infini.
Les mots existent peu dans cet univers et c’est à une syntaxe de sons que la chanteuse se réfère, se transformant parfois en véritable funambule vocal. Mais ce travail marqué du sceau de la recherche et de la créativité ne serait pas possible sans une osmose parfaite avec Eric Perez et Pierre Tereygeol, leurs multiples instruments se mêlant et s’entremêlant aux vocalises parfois acrobatiques de Leïla et prenant totalement part à la création du climat de chaque morceau.
Plus proche de certaines expériences actuelles que du jazz, cet univers souvent onirique fait néanmoins place au Warm Canto de Mal Waldron, comme si tous les chemins empruntés aujourd’hui ne pouvaient éviter une musique qui se définit avant tout par la liberté.
Philippe VINCENT