Mieux qu’un festival, les Rencontres Koa Jazz sont une invitation au voyage dans la diversité musicale.
Des rencontres au pluriel, sous forme d’un parcours multisite et multipiste, tissé à travers la ville de Montpellier.
Brasseries, Maison pour Tous, cinéma, SMAC, parcs, Conservatoire et école de jazz.
Chaque escale a un sens et un lien avec des acteurs ou soutiens du Jazz Actuel dans la métropole du Languedoc.
La couverture des Rencontres Koa Jazz a été réalisée par (ordre d'apparition) J.Paul Gambier [JPG], Erick Avier, Anny Avier [AA] et Christian Pouget [CP] textes et images. Nous rappelons qu'avec un clic droit et la sélection de la ligne "afficher l'image de fonds", ces dernières sont agrandies.
Trio de Pierre DIAZ (25 avril)
Ouverture à la Brasserie du Dôme, à l’invitation de Pierre Diaz, pour une musique sensible et exigeante, puisée dans l’univers du batteur Paul Motian dans sa collaboration avec Lovano et Frisell.
Rencontre entre générations, fusionnelle dans l’exposition des thèmes avec Matia Levrero (gu), et lyrique dans les développements au ténor.
La finesse de jeu de Maxime Rouayroux (dr) excelle dans ce répertoire à sa mesure.
Un trio qui séduit par sa sincérité et son respect des sources.
üNâME (27 avril)
Le même Maxime Rouayroux développe le surlendemain d’autres facettes de son talent dans un impromptu indor du Trio ünâme avec Hervé Duret (gu) et Samuel Mastorakis (vb).
En subtil équilibre avec les cordes, percussions en peaux et lames sont en phase, à un changement d’échelle près, avec la proposition berlinoise d’Olivier Benoit.
ONJ “Berlin” (27 avril)
Construction ciselée autour de l’omniprésente tension entretenue par Eric Echampard.
Tutti plutôt que soli des cuivres et des cordes.
Privilégiant le répétitif au lyrisme, Olivier Benoit amène chacun à aller à l’essentiel.
Plongée berlinoise de l’ONJ où se mêlent énergie obscure et Révolution.
Olivier Benoit nous en parle:
Ces propos ont été recueillis le lendemain du concert à l’occasion de l’escale montpelliéraine des
Collisions Collectives (28 avril)
Initiative nomade, cette manifestation itinérante se déplace dans les différentes villes où les musiciens ont, comme Koa à Montpellier, décidé de constituer des collectifs singuliers. Nantes / 1name4acrew, Strasbourg / Oh!, Coax / Paris, Capsul / Tours.
Une occasion d’échanger sur les modes de structuration, d’organisation, les projets musicaux, la relation au public et aux institutions.
Electric Pop Art Ensemble (30 avril)
Derrière son faux air de tendre rêveur, Patrice Soletti aime le chalenge.
Après avoir fondamentalement recomposé son Electric Pop Art Ensemble il s’offrait le luxe d’ouvrir une soirée phare des Rencontres.
Mise en espace des tensions, improvisations dédiées au développement des sonorités, au détournement des instruments.
Avec un David Taïeb en DJ facétieux et poète et Norbert Lucarain polymorphe, Patrice se lance sur des pistes sonores malicieusement brouillées. Il nous offre un paysage tout en fragments et pulsations.
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Marc RIBOT (30 avril)
Pour notre rédaction le moment tant attendu de la rencontre avec Marc Ribot à fait débat.
Visions décalées de deux protagonistes pourtant assis côte à côte ce soir là.
Δ Standards épurés, sublimés sans ostentation, blues déstructuré, détourné, Marc Ribot est venu nous offrir un solo en acoustique, sans facilité ni encore moins de séduction. Voyageur timide et encore sous le coup d’un vol transatlantique éprouvant, il se concentre sur son ouvrage sans chercher la communion avec le public. Il nous invite juste dans l’intimité d’une sorte de master-class publique pour nous donner le meilleur de ce qu’il pense avoir à offrir. Il poursuit sous forme de longues impro truffées de citations suivies d’un blues en rappel. Son concert solo a de quoi déstabiliser. Radical. [JPG] |
∇ Il est venu, il a fait le job, sans oublier de regarder sa montre. Probablement qu’elle le gênait, à moins qu’il n’ait voulu vérifier si sa profonde concentration ne l’emmenait pas dans des débordements horaires trop généreux. Une vielle guitare acoustique à la main, il a surgi du fond de la salle de la Maison Pour Tous Voltaire, s’est assis sur une chaise, a calé son instrument, jambe légèrement surélevée. Et c’est parti. Devant un public acquis, venu parfois de loin, pendant juste un peu plus d’une heure, rappel compris, les notes ont déferlé. Une avalanche de notes, où les mélodies s’entrechoquent et butent le plus souvent sur des culs de sac, des ruptures. Un continuum de frustrations devant tant de chemins prometteurs de plaisirs demeurant inexplorés tandis qu’il s’enfonce dans des improvisations répétitives. Un petit «merci beaucoup» en français s’échappe enfin alors qu’il lève très brièvement la tête, histoire de remonter ses lunettes qui lui tombent du nez, à force d’avoir la tête baissée. Quelques moments de grâce pourtant, tantôt blues, tantôt country, rappellent que le guitariste n’a pas gagné sa notoriété dans une pochette surprise, et font d’autant plus regretter la suite de frustrations auxquelles je me suis heurtée en permanence pendant ce concert. Après un petit rappel, un bref salut et une disparition rapide, le public n’a pas insisté, distance affichée par le musicien oblige… Mais il a fait le job. [AV] |
Andy EMLER solo (2 mai)
Andy excelle du solo au MégaOctet où il développe une passion particulière pour le jeu collectif propre au grand formats.
C’est un joueur, dans tous les sens du terme, un homme fort en amitiés et un jouisseur gourmand.
Dans le cadre somptueux de la Chapelle Haute, devant un public largement composé des jeunes participants à sa master-class dans le cadre du Conservatoire de la Métropole de Montpellier, Andy offre des moments de plaisir, se lance des défis et partage largement avec l’auditoire a qui il a préalablement donné quelques codes.
Il fait tourner le son, va chercher les sonorités du cymbalum et se délecte à partager Ravel.
Après ce solo, Andy Emler nous a accordé une interview “terrasse” devant les “Enfants Rouges”, tout un programme :
Andy EMLER, Claude TCHAMITCHIAN, Eric ECHAMPARD (5 mai 2016)
De l’archet jaillit comme une douleur, une cicatrice profonde faisant vibrer les cordes, puis les notes claires du piano semblent apaiser cette souffrance, la musique s’envole, danse tournoyante, vif tempo percussif, cymbales griffées, pulsation sensuelle de la contrebasse, puissance rythmique, osmose des trois musiciens plongés dans le partage, la communion, l’échange, partenaires vivant dans cette fusion acoustique, sonnant avec une énergie électrique, entre raffinement poétique, finesse mystérieuse, silences suspendus et fulgurances sauvages, le trio Emler /Tchamitchian /Echampard, atteint une maturité créative impressionnante, après plus d’une décade d’aventures musicales, touchant l’état de l’art.
[CP]
Trio de Kurt ROSENWINCKEL (7 mai 2016)
Ressac rythmique hypnotique, léger flux perpétuel, écume de sons s’échouant sur des roches, tempo souple, souffle aérien et fluide des guitares, creux de vagues se formant au large, s’intensifiant, batterie imposant progressivement une pulsation rock, intense, percussions électroniques résonnant de graves sourds, fondations érigeant le son, vocalises à l’unisson des chorus de guitare, rouleaux de notes déferlant sur la crête de vagues sonores, envolées lyriques de Rosenwinckel, soutenu par les riffs électriques lancinant de Tim Motzer, le trio propulsé par la batterie explosive de Gintas Janusonis, enivre, avec un jazz modal, psychédélique, effleurant la surface d’eaux calmes, avant de se jeter à l’assaut d’océans agités, improvisant au milieu de houles sonores déferlantes.
[CP]