Mélancolique sur les photographies, presque ailleurs, jeu de trompette éthéré, sonorité de bugle réverbérée s’évanouissant dans l’air, l’art subtil de Kenny Wheeler ressemble à son image de musicien poète, rare et discret, avec cette sensation de tristesse diffuse, d’où émerge un jeu raffiné, élégant, fait de volutes évanescentes et d’éclats cuivrés.
Surprenant partenaire d’aventures aux horizons opposés, des conceptions libertaires du free-jazz européen avec le Spontaneous Music Ensemble, ou la phalange radicale du Globe Unity Orchestra, du bouillonnant quartet avant-gardiste d’Anthony Braxton, jusqu’au quintet mingusien de Dave Holland, Kenny se prête sans limites, aux formes musicales les plus variées.
L’univers musical de ses petites formations, touche à l’intime, à l’étirement de l’espace et du temps, avec son fidèle compagnon de route au piano, John Taylor, puis l’étoile pas encore capricieuse, Keith Jarrett, ou avec le prince italien du piano, Enrico Pieranunzi.
Trompettiste de l’élégance et de la beauté du son, Kenny Wheeler nous a enivré, de parfums baroques, de silences mystérieux, et d’échos nostalgiques, avant de s’esquiver discrètement, sans bruit.
Christian POUGET