Une main légère, flotte dans l’air, avec une grâce féminine, ponctuant, accompagnant dans une gestuelle chorégraphique le flux des notes, quand l’autre module un chant éblouissant sur les pistons, mains détachées du corps massif du trompettiste, dansant, assis sur sa chaise, vivant la musique de l’intérieur, provoquant un violent contraste entre force et volupté, quand à ses côtés, deux autres mains ouvrières, pétrissent la glaise, arrachent, effleurent, caressent les cordes, extirpant un son d’une puissance inouïe de cette contrebasse, façonnée dans la matière brute, comme si elle venait d’être extraite d’un champ d’argile, charrue retournant la matière première, pour en faire remonter des racines silencieuses, qui attendaient qu’on libère leur chant, profondément enfouit dans des sols où gisent des trésors musicaux insoupçonnés, faisant naître la magie sonore du duo de Joëlle Léandre et Jean-Luc Cappozzo.
Christian Pouget