Février 1982 : y croyaient-ils encore ou sentaient-ils venir le capitalisme à plein lacrymo ? Et eux, c’est-à-dire Jean-Jacques Avenel, Siegfried Kessler et Daunik Lazro que pensaient-ils avant de rentrer sur la scène du théâtre des franciscains de Béziers en ce 23 février 1982 ? On pourrait leur demander sauf que deux ne sont plus des nôtres.
Ce soir-là ça sentait l’Afrique (le pizz continu du contrebassiste), ça sentait l’Ornette et le Sun Ra. Ça sentait surtout ce que le jazz ne voulait plus. Improviser d’accord mais choisissez une esthétique bordel, un fil conducteur ! Sauf que l’esthétique, ces trois-là… A l’esthétique, ils préféraient l’Ecstatic Jazz. Vous voyez le distinguo ? Vous l’entendez j’espère.
Soyons clairs : une telle liberté, ça affole aujourd’hui. Ça affole parce que c’est parfois sans issue, parfois ça irrigue un concerto gargantuesque. Ce n’est pas penser le risque, jouer avec le risque, prendre le risque. C’est jouer en oubliant les contraintes. Être libres, vivants et indifférents à la norme, même – et surtout – celle qui commence à pointer le bout de son nez dans le cadre de l’improvisation.
Alors, vous voulez que je commente ce que j’entends, que j’analyse tel magique duo piano-alto ou alto-contrebasse, tel cri stupéfiant les assis ? Possible et puis après ? 41 degrés, la canicule : excuse recevable. Non ? Non !
Juste un petit résumé alors : musique d’où surgit la beauté (pas toujours convulsive), musique à toujours insoumise. Musique ressentie essentielle et exceptionnelle aujourd’hui. Pourquoi ? De quoi réfléchir. Mais ne comptez pas sur moi.
Luc BOUQUET