12 août 2023
« Les qualités et les quantités singulières du lieu sont pour nous la condition première de notre musique, la pichenette qui nous fera jouer comme-ci plutôt que comme ça. Ce qui implique forcément une grande diversité de résultats d’un concert à l’autre. Pour dire, qu’entre notre humeur du moment (puisqu’il est dit que forcément nous en avons une), l’architecture et l’acoustique du lieu, le type d’attention du public et les caractéristiques du bruit de fond, le lieu et le moment passent au filtre de notre propension à jouer ou à ne pas jouer ceci ou cela. »
Jean-Luc Guionnet
Le domaine de La Spouze, au cœur de la Creuse, entre brandes et bois. Le caricaturiste Gavarni y posa son atelier au milieu du XIXe siècle et fit construire au milieu des arbres un salon de musique du plus bel effet. René Bourdet, « paysan et comédien » disparu en 2021, y accueillit pendant une vingtaine d’années théâtre, poésie, chanson, cinéma, expositions.
Un public nombreux, attentif, était venu à La Spouze cet après-midi du 12 août, oreilles affûtées par trois jours de festival : Le Bruit de la musique, 11e édition. Passionnante aventure sonore et artistique organisée par Lê Quan Ninh et Martine Altenburger entre Domeyrot, Clugnat, Toulx-Sainte-Croix et La Celle-sous-Gouzon.
La musique de Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama fut un des temps forts du festival. Deux identités affirmées, complices chahutant depuis plus de 15 ans les axes de jeu du saxophone et de la batterie pour une musique à l’affût, organique et tendue. Musique surgissant du silence par vagues successives, en quête de densité. Ni préambule ni bavardage.
« Il s’est passé quelque chose » dira simplement Jean-Luc Guionnet au terme du voyage… Un de ces concerts qui marquent une année.
Jean-Yves Molinari, texte et photos