Les duos ne manquent pas dans l’histoire du jazz mais le face à face entre le saxophone baryton et le trombone est inédit dans un tel dénuement.  Sans rythmique, sans instrument harmonique à leurs côtés et associant deux voix graves qui pourraient se concurrencer, le pari était osé pour faire dialoguer deux instruments monophoniques sans tomber dans l’exercice de style. Mais nos deux funambules sont capables de tout et surtout du meilleur, leur travail forçant l’admiration. Pour oublier l’absence d’accompagnateurs, varier les ambiances et empêcher la monotonie de s’installer, ils utilisent chacun la totalité de la tessiture de leur instrument, se font tour à tour rythmicien et soliste, jonglent avec l’art du contrepoint et du contrechant ou jouent à l’unisson, le tout sur des arrangements pleins de subtilité. Pas de virtuosité gratuite ou de technique affichée sous les feux de la rampe car c’est la musique qui les intéresse avant tout pour enrichir les mélodies qu’ils caressent avec amour. Que ce soit sur leurs propres compositions ou celles de Piazzola, d’Ellington ou de Grappelli, la musique coule ainsi de source avec une immense fluidité et elle se fait miraculeuse tout au long d’un album enchanteur.

[PhV]

Eric Séva et Daniel Zimmermann seront le 12 septembre au Sunside (Paris) et le 29 au Blue Perry (Charente)      

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