Coup de projecteur sur Archie Shepp

ARCHIBALD né en 1937 à longtemps partagé son existence entre le continent européen et le continent américain jusqu’à son installation en France dans les années 2000.
Double appartenance culturelle, donc, pour cet artiste dont la carte de visite affiche une liste impressionnante, non close, de rencontres dans la sphère de la musique.

La colonne vertébrale des recherches d’ARCHIE dans ce moyen d’expression est le blues.
Il l’élève au rang de matrice car selon lui il existerait un continuum entre le blues, le jazz, le funk, le hip-hop ,le slam du au fait que ces musiques auraient des racines africaines communes.
C’est au nom de ce  constat qu’ARCHIE a mené des projets avec ROCE ou PUBLIC ENEMY, concept ouvert à même de permettre à des courants musicaux en devenir de s’agréger à ceux cités.

Au delà de l’intérêt qu’il porte à la musique afro Américaine (dans laquelle il nie toute influence blanche), ARCHIE est très concerné par la cause des noirs et la lutte pour la défense des droits civiques aux Etats Unis.
Depuis un demi siècle, il les enrichit de ses réflexions et prises de position.
Il n’a de cesse de dénoncer le racisme, l’ignorance et le sort de victime de ses frères de couleur.

Icône du “free jazz” (quoique le terme le hérisse), il fait entendre sa voix d’artiste engagé par la musique, l’écriture et le chant.
L’album “ATTICA blues” en témoigne tout autant que sa présence au 1er festival panafricain d’ALGER en 1969.
ARCHIE qui est chrétien baptiste ne s’est toutefois jamais tourné vers l’islam, option envisageable sachant que le choix de la confession musulmane qui rejette le racisme attira quelques musiciens de renom durant les années soixante et leur offrit même une possibilité de se distinguer dans une Amérique qui comptait alors un pourcentage très faible de musulmans.

Sur le saxophone, sa sonorité est rauque, éraillée. Il va la chercher dans les graves pour la ramener parfois vers les aigus en lui ayant au passage fait subir quelques tourments et étranglements !
Cette manière de jouer lui permit de graver des chefs d’œuvre tels que “Blasé” ou “Mama too tight”.
Sa voix, grave et profonde,gorgée de blues,peut elle s’apprécier  sur “Mama Rose” ou “Alone together”

Clairement lucide et très cohérent ,il ne se départit jamais d’une pointe d’humour qui pourrait sans difficultés se teinter d’auto dérision.
Le site “ARCHIE BALL” (du nom du label indépendant dont il est le fondateur) illustre cette observation.
ARCHIE SHEPP, qui continue d’avancer les oreilles et les yeux grands ouverts, demeure une voix singulière,encore audible dans un monde qui brouille de plus en plus les ondes.

Erick Avier (Texte et photos)

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