Collectif COAX « Le Radeau de la Méduse »

Musiques à Villelongue-Dels-Monts – 6 août 2015

Noirceur du ciel sur une mer d’encre, vagues monstrueuses aux creux profonds tels des ravins escarpés, vents fouettant les voiles déchirées comme du papier, pont submergé d’incessantes déferlantes, la Méduse craque de toute sa carcasse, de la quille jusqu’aux mats, gouvernail broyé, enfonçant sa coque tel un bélier défonçant un portail de forteresse, avant qu’une voie d’eau ne s’engouffre comme un torrent dans ses cales, déclenchant l’engloutissement du navire dans les flots déchaînés, plongeant ses survivants dans l’enfer, perdus sur ce radeau, devenant des morts vivants affamés, meurtriers sauvages, cannibales, cherchant la rédemption, implorant la mort de les délivrer de ce cauchemar.

Habités au milieu de cette tragédie humaine comme s’ils revivaient ce naufrage épique, transcendé par la transe d’Isabelle Duthoit, vivant par le texte, l’horreur sur ce radeau, du murmure plaintif jusqu’aux hurlements d’effroi, portée par le trio batterie, guitare, saxophone baryton, Di Donato, Henocq, Nageotte, alternant au gré de l’épopée, entre un souffle apaisé et la fureur de rage d’un jazz aussi libre que rock, lacéré par les jets de peinture vivante, les coups de pinceaux poétiques et de hache frénétique de Guibou, distordu par les improvisations vidéo, de Boisseuil, triturant en images l’action, le Collectif Coax, livre une interprétation puissante et halluciné de cette terrifiante histoire du  » Radeau de la Méduse « , traversant les siècles, faisant surgir les fantômes du passé, ou ceux contemporains, des réfugiés fuyant la guerre et la misère, traversant la méditerranée, et sombrant avec l’espoir perdu d’une vie nouvelle.

 

Méduse

Christian POUGET

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