CABU SWING

Souvenirs et Carnets d’un fou de jazz
Editions Les Echappés/Charlie Hebdo

CabuNous n’oublierons jamais Cabu.
Ses dessins nous manqueront dans Charlie et dans le Canard Enchaîné mais les amateurs de jazz que nous sommes ont la chance qu’il ait pensé, il y a deux ans, à réunir bon nombre de ses dessins et croquis qu’il fit sur le jazz en un demi-siècle. De ses débuts dans « L’Union de Reims » où Jean Cabut signait encore K-Bu jusqu’aux collections de disques dont il fit les visuels encore récemment, le créateur du « Grand Duduche » présente ici un véritable florilège témoin de son amour pour la musique afro-américaine. Il nous rappelle aussi ses premiers pas dans Hara-Kiri où il présentait les dessins qu’il crayonnait sur un coin de nappe dans les cabarets parisiens où les Brel et autres Gainsbourg faisaient leurs premiers pas. Et il nous avoue son adoration précoce pour Charles Trenet et sa détestation depuis le premier jour de Johnny Hallyday qu’il a toujours considéré comme un copieur.
Côté jazz, c’était les big bands et leur puissance orchestrale qui le fascinaient le plus (« le jazz euphorisant qui déménage » disait-il) mais Cabu aimait tout ce qui swinguait car tout l’art du swing était selon lui de « raconter gaiement des histoires terribles ». Il ajoutait qu’il aimait « ramener le jazz à l’humour car il s’insurge contre la déprime générale ».
A côté de dessins déjà publiés on découvre ici des inédits et des esquisses où, comme d’habitude, le coup de crayon est d’une justesse remarquable et le trait d’esprit souvent taquin. Mais ce qui fut pour lui un album de souvenirs nous montre aussi des photos marrantes (Cab Calloway jouant à la pétanque avec Count Basie dans les jardins de Cimiez) et rappelle des moments inoubliables de certains festivals (Elvin Jones continuant à jouer sous l’orage à Chateauvallon).
Tout au long des 220 pages de ce portfolio grand format où le mélomane trouve autant son bonheur que l’amateur de dessin, on ne peut s’empêcher de penser que la gentillesse et le talent de ce gars-là vont beaucoup nous manquer. Keep Swingin’ !
Philippe VINCENT

 

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