BRUISME #8 / Poitiers / 29 juin –
1er juillet 2018
FACTEUR SAUVAGE plaça haut la barre dès le concert inaugural, transe blues puissant dans le sillage du Captain Beefheart. Laurent Paris (batterie préparée), Daniel Scalliet (voix – et quelle voix !!!), Mathieu Sourisseau (guitare basse), ces trois-là se sont bien trouvés.
Autre révélation, elle-aussi venue de Toulouse : PIAK, soit Bertrand Fraysse, Julien Gineste, Florian Nastorg, capables à l’heure de la sieste de murmurer en mode électroacoustique à l’oreille des insectes avant d’embraser la nuit d’un post-free furieux.
Il faut dire que l’électroacoustique eut la part belle avec la plongée sonore/visuelle hallucinée de NOIR (Flore Audebeau et David Chiesa), HRUNDI V. BAKSHI (Jérôme Noetinger et Arnaud Rivière dispositifs électroacoustiques / Sébastien Cirotteau et Christian Pruvost trompettes amplifiées), NOORG (Éric Brochard et Loïc Guérin pour une somptueuse ascension dans la masse sonore), Thomas Ankersmit et son synthé analogique. Thierry Madiot et Yanik Miossec (PHONOSCOPIE) avaient travaillé au millimètre sur une composition de Jean-Philippe Gros, invitant à l’immersion en petit comité au cœur d’un acousmonium de proximité. Voyage passionnant au plus près du son.
BRUISME#8 ce fut aussi le free rock inclassable incassable de DIEU (Heddy Boubaker basse, Jean-Sébastien Mariage guitare, Mathias Pontevia, batterie horizontale), la pop joyeusement déjantée de CHOCOLAT BILLY et l’électro de TOCC BEAT CLUB, les improbables MAMIES GUITARES (« Il est entendu que nous rejetons la perfection musicale et que nous privilégions l’expérimental »), le duo nerveux banjo/batterie de SOURIRE PANIQUE et l’art acidulé de la ballade sinusoïdale d’Éric Cheniaux.
Mais le moment de grâce du festival nous le devons certainement à Claude Tchamitchian. Il poursuit l’aventure du solo avec IN SPIRIT. Sur une contrebasse de Jean-François Jenny-Clarke, il nous embarque pour une suite magistrale en 4 mouvements. Ostinato boisé, harmoniques, jeu à deux archets, l’évidence de la beauté à travers une maîtrise très physique de l’instrument. Art de la composition, émotion, virtuosité jamais vaine, tout y est… Vingt ans après la disparition de Jean-François Jenny-Clarke, Claude Tchamitchian explore de nouveaux territoires. Il n’y a pas de plus bel hommage à JF.
Merci à Matthieu Périnaud et à toute l’équipe de JAZZ A POITIERS pour cette édition de BRUISME en tout point exemplaire, à la fois éclectique et d’une profonde cohérence dans son ouverture à l’invention et à la créativité. Et ce fut un grand plaisir de retrouver le CONFORT MODERNE reboosté, espace idéal pour l’accueil et la rencontre de ces musiques qui nous font vibrer.
Jean-Yves Molinari
Le reportage photo
Photos Jean-Yves Molinari
