Cavaleras y Boom Boom Chupitos

Valentin Ceccaldi - Bonbon Flamme

Valentin Ceccaldi violoncelle, Etienne Ziemniak batterie, Luis Lopes guitare électrique, Fulco Ottervanger piano, claviers

BMC

Date de sortie: 31/01/2025

DISQUE DU MOIS

Proposé par J.Paul GAMBIER

Février 2023, Valentin Ceccaldi cisaillait son violoncelle et donnait l’avant-goût de son Bonbon Flamme. Quartet qui nous allumait durablement la même année au festival Météo. Jazz cramé, impro malade voire salsa en dérapage, la recette est gardée secrète. On ne saura jamais si ce ‘Calaveras Y Boom Boom Chupitos’ a d’autres points en commun avec le Chitlins And Cuchifritos de Joe Thomas, que sa cuisine à l’huile de napalm. C’est bien ainsi. Le plaisir d’avaler est intact. Musique animale et généreuse, rageuse et intrigante, forcenée et tapageuse. Mettez-y le doigt, vous y perdrez l’avant-bras. Étienne Ziemniak, Luis Lopes et Fulco Ottervanger jouent comme un seul homme les trois autres membres de ce quartet à surprises. Very kind. Et très sensible, aussi. C’est même la réussite de ce deuxième disque, la descente dans une forme d’autoportrait sonore, de pédigrée perso, d’intimité tortueuse sans être compassionnelle, lucide en restant pudique. Par exemple, les arpèges légers de ‘Snowing Pirogue’ savent ce qu’ils doivent doit à un Texier, à la propre ardeur onirique de Ceccaldi ou à toute la poésie que l’accumulation de voyages peut articuler. Les pizz cinématiques et synthétiques de Una Nube Sobre Ruedas redéfinissent les chants d’une autre réalité. Car Calaveras Y Boom Boom Chupitos sait rêver, et ça s’entend : songes mathématiques (Noline), chimères incandescentes et drôlatiques (The Ragtime Dance). Au cœur de cette petite entreprise de déconstruction, Bonbon Flamme se la joue Buster Keaton, regardant toujours au-delà du cadre pour vous voir sourire en coin de cette sensibilité mise à nue. Mélodie, tempo, harmonie et tutti frutti. Tout est maîtrisé. Et de cela éclate une forme de violence salvatrice et joyeuse. Pas loin de celle qui vous laissait, dans les années 80, les joues endolories, la gorge brûlante et les dents déchaussées après avoir souffert à suçoter des boules magiques, en cours de Français.

Guillaume Malvoisin / POINTBREAK

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