Célébration de l’apparition de Sun Ra sur terre il y a un siècle, avec une anthologie supervisée par son fervent lieutenant : Marshall Allen.
( In the orbit of Ra , Strut record / Art Yard )
Un gigantesque vaisseau spatial interstellaire, pyramidal, stationne en lévitation immobile, à quelques centaines de mètres d’altitude, depuis des semaines, chaque jour au-dessus d’une capitale, sans que les forces armées de l’organisation des nations unies, ne puissent intervenir pour arrêter cette intrusion extraterrestre, protégé par un puissant champ magnétique indestructible.
Chaque jour, le vaisseau poursuit son «World Tour», de Washington à Pékin, de Paris à Berlin, de Tokyo à Moscou, de Mexico à Santiago, d’Istanbul à Islamabad, de New York à Londres, de Mogadiscio à New Dehli, du Caire à Damas, de Téhéran à Jérusalem, de Pyongyang à Bagdad, chaque jour, les dirigeants attendant impuissant, la visite de la grande pyramide.
Le chef spirituel de l’Arche cosmique, Sun Ra, possédant une incommensurable force télépathique persuasive, convoque les chefs de gouvernement, qui s’exécutent docilement sans résistance, subjugué par le charisme magnétique du guide.
Au cours de l’audience, retransmise sur tous les réseaux audio-visuels mondiaux, contrôlés par le chef spirituel de l’Arche cosmique, apparaît le Ra, s’exprimant simultanément dans toutes les langues des cinq continents.
Il remet au cours de l’audience, au chef de gouvernement, une liste des personnalités « indésirables » sur terre, qui doivent le rejoindre dans son vaisseau, et deviendront ainsi ses prisonniers à vie.
Pendant que des émissaires télépathes et hypnotiseurs, descendent en lévitation de l’Arche pyramidale, en une longue procession baroque, pour venir «cueillir» ces «indésirables», Sun Ra et son Solar Myth Intergalactic Arkestra, présentent un concert diffusé en » Mondio-vision direct-live » des arènes de Nîmes, écrin majestueux à la mesure de sa puissance divine, pour distraire les populations, hypnotisées par ce spectacle délirant.
Sun Ra, extraterrestre curieux et érudit, s’est pris d’une passion débordante pour une forme musicale appelé «Jazz», aux origines afro-américaine, qu’il a arrangé à sa sauce cosmique, constituant un «big band», proposant une sorte de couscous musical, fusionnant les styles des grandes formations de Fletcher Henderson et Duke Ellington, les percussions foisonnantes et hypnotiques de l’Afrique, la musique électronique de Stockhausen, jusqu’aux folies débridées et expérimentales du «free-jazz»
Fin connaisseur de la culture terrestre, Ra s’est inspiré pour la mise en scène, de la bande dessinée «la foire aux immortels» d’Enki Bilal, ses musiciens portant les coiffes des dieux immortels à têtes d’animaux sacrés, Thoth, Bastet, Anubis, Horus.
Sun Ra, grand mage à la coiffe égyptienne surmontée d’anneaux d’or, longue toge ornée de paillettes, «sceptre d’OttoKar» en main, qu’il a fait fabriqué après avoir lu Tintin et Milou, trône derrière ses claviers électroniques, dirigeant une armée de cuivres, saxophones, trompettes, trombones, cors, devant ses batteurs Roger Blank et Clifford Jarvis, ses percussionnistes et Ronnie Boykins à la contrebasse, libérant une énergie rythmique phénoménale.
A grands coups de sceptre, Ra lance la masse des cuivres, dans des riffs répétitifs, au swing puissant, qui dérivent progressivement vers un magma sonore apocalyptique, d’où émergent les saxophones alto de Marshall Allen, Ténor de John Gilmore, Baryton de Pat Patrick, dans de furieux corps à corps solistes, croisant le fer de leurs cuivres chauffés à blanc, soutenus par les délires électro-cosmique du maître au synthétiseur.
Clifford Thornton en tête, trompettes et trombones soufflent un vent brûlant, pendant que tous les percussionnistes déploient une force rythmique de transe, éruptions solaire, pluies de météorites, étoiles filantes, cracheurs de feu, danseurs en état de grâce, le Solar Myth Intergalactic Arkestra, confirme sa force extraterrestre, pendant que des écrans géants projettent des peintures de Jérôme Bosch, qui fascinent le Ra, intitulant une de ses œuvres, comme une prémonition prophétique, «It’s after the end of the world ».
Entre chaque morceau durant plus d’une heure, Sun Ra, explique péremptoire aux terriens : » l’humanité était sur la bonne voie, mais pas dans la bonne direction « .
Il est venu sauver leur planète en danger, pour la protéger des capitalistes délinquants, des fous de dieu, des dictateurs tortionnaires, des hommes politiques mafieux, des industriels pollueurs sans scrupules, des voyous financiers, des nécromanciens du nucléaire, pour les enfermer dans une station orbitale terrestre, prison spatiale inviolable pour dirigeants névrotiques et psychopathes.
C’est ainsi que Sun Ra, extraterrestre aussi pacifique que loufoque, aussi génial que déjanté, a débarrassé l’humanité d’une brochette de raclures de bidets, qui observent à travers les hublots de leur prison spatiale, le paradis terrestre qu’ils ont failli détruire.