Anglet, les découvertes du Quintaou

Anglet Jazz Festival 2024 

N‘ayant pas assisté intégralement à tous les concerts pour cause d’interviews de certains des musiciens qui  venaient de jouer, nous allons surtout nous attarder sur quatre prestations qui firent notre bonheur. On nous pardonnera donc d’oublier l’excellent quartette “Impression Stream” de Stéphane Guillaume,


l’orchestre d’Antonio Lizana qui faisait se rencontrer le jazz et le flamenco (gros succès public),


le “Human Flow” du pianiste Alfio Origlio


et deux des trois formations régionales programmées le dimanche après-midi.

Marc Copland, ouvrant le festival dès le jeudi soir en trio, était l’invité de marque du festival. Les amateurs le savent, ce pianiste majeur du jazz d’aujourd’hui est un amoureux du clavier qu’il a caressé en compagnie des plus grands au premier rang desquels Gary Peacock fut le complice des premiers jours et de toujours. Mais c’est avec une paire rythmique française (Stéphane Kerecki et Fabrice Moreau) qu’il se présentait sur la scène du Quintaou et le premier étonnement fut l’homogénéité de ce trio de circonstance. Certes ils se connaissaient déjà mais on avait l’impression qu’ils approfondissaient une complicité naturelle née d’une rencontre préalable. L’intelligence du jeu de Kerecki et la finesse de celui de Moreau n’y étaient pas pour rien et les doigts de Copland sur le clavier furent un enchantement. Pas de virtuosité ostentatoire mais une recherche permanente de la musicalité et un toucher plein de sensibilité au service d’un répertoire bien choisi, avec une interprétation aussi personnelle que respectueuse de Blue In Green. Bref, du piano de ce niveau, on en redemande tous les jours et cette entame du festival plaçait la barre très haut.


On connaissait déjà le quartette Flash Pig pour avoir assisté l’an dernier à son splendide concert au festival Respire Jazz et il allait donner une fois encore une magnifique prestation. Réunissant les frères Adrien (saxophone ténor) et Maxime Sanchez (piano) plus Florent Nisse (contrebasse) et Gauthier Garrigue (batterie), cette formation dénote une volonté de partir d’un schéma orchestral simple et emblématique du jazz pour se donner la liberté de jouer tous les possibles. Des relents de la tradition aux accents de la modernité, ces quatre musiciens se connaissent sur le bout des oreilles et ça s’entend. Entre fougue et sagesse parfois retrouvée sur un programme construit autour du film de Wong Kar-wai “In the Mood for Love”, ils ont emmené le public au cœur du jazz avec un élan formidable, confirmant que leur persévérance depuis dix ans à faire vivre cet orchestre « Le Plus Longtemps Possible » (titre de leur précédent album) était le bon choix. Un moment comme on les aime, plein d’intensité.


Mais la véritable découverte fut le duo d’Olivier Ker-Ourio avec Quentin Dujardin. Si l’on connait bien l’harmoniciste, nous n’avions jamais entendu le guitariste et ce fut un plaisir de faire sa connaissance. Ayant commencé son apprentissage avec le classique avant de s’orienter vers le jazz, il joue essentiellement sur une guitare montée en cordes nylon et use avec parcimonie de loops et de phrases enregistrées sur lesquelles brille son style très original. Mais, là encore, c’est la complicité avec Ker-Ourio qui fut frappante, les deux musiciens réussissant à livrer un discours captivant avec une musique pleine de fraîcheur où ils firent chanter les mélodies devant un public étonné qui ne savait pas trop à quoi s’attendre à priori. Une sorte de divine surprise où on put retrouver Mingus et Paco de Lucia entre de belles compositions personnelles.


Comme souvent au Pays-Basque, la pluie était annoncée pour le dimanche, nous privant d’une journée en plein air dans le parc du château de Baroja et privant le festival d’une recette plus ample qui est toujours la bienvenue pour équilibrer les comptes d’une telle manifestation. Il fallut donc rester dans le théâtre du Quintaou : capacité moindre mais acoustique assurée. Si l’ouverture du festival se fit sous le signe de la délicieuse et délicate discrétion de Marc Copland, sa clôture se fit en fanfare avec le Big Band Côte Sud, orchestre réunissant depuis 40 ans des musiciens du cru. Sous la direction du trompettiste Pascal Drapeau, il proposait un répertoire signé Quincy Jones où chacun put reconnaître ici ou là des thèmes célèbres dont on avait parfois oublié l’auteur. Et quel bonheur d’être face à une telle machine à swing dont la puissance naturelle met au rancart les hyper-sonorisations auxquelles nous sommes trop habitués aujourd’hui. La mécanique bien huilée, la précision et la parfaite cohésion de l’ensemble fit le reste pour un final flamboyant.


Asura 4tet

Patrick-Astrid Defossez Trio

Hommage à Sylvain Luc

Marylène Cacaud, photos
Philippe Vincent, texte (en remplacement de Michel d’Arcangues, retenu à la chambre par un mauvais virus)    

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