Lettre à Bruno Tocanne

Bonjour Bruno,

Le temps passe depuis JAZZ(S) A TROIS PALIS, et que de bons souvenirs !
Un tour de force que d’avoir pris le risque de nous offrir cette programmation dans notre Charente profonde (belle et généreuse).
Soyons honnête, notre département nous a gâtés depuis le début des seventies avec les dix ans de « Jazz en France » où l’on a vu défiler les plus grands jazzmen internationaux ; ont suivi quelques années plus tard les petits festivals locaux, « Respire Jazz » et « Jazz à St Saturnin », les initiatives privées chez Kent et Michaela Carter et autres concerts chez l’habitant… chez notre ami Roberto Gonzales « Au Grand Jeu » (musiciens locaux, Barthélemy en résidence…).

Pour en revenir à Trois Palis, la boucle semble bouclée par ce festival faisant la part belle aux musiques improvisées.
Personnellement j’ai pu découvrir en live des musiciens que je ne connaissais qu’à travers les enregistrements :
Fred Roudet, Jean Cohen (quel duo !), Élodie Pasquier, Bernard Santacruz (o solo mio !), Antoine Läng (quelle voix !), Federico Casagrande (wow !), Rémi Gaudillat (l’égal de notre Cappozzo).
Revu le délicat Alain Blesing (rencontré à Luz) et une des meilleures pianistes du monde (pour moi !), Sophia Domancich qui, il est vrai, n’a pas paru spécialement à l’aise pendant Escalator (remplacer Perrine Mansuy au dernier moment sur cette pièce très écrite, fallait oser).
Cela dit, Over The Hill fut le plus beau concert auquel j’ai assisté depuis longtemps.
Bel hommage à notre Carla (Bley pas Bruni), qui n’a pas trop souffert des conditions acoustiques de la petite salle (ça soufflait fort, wouaouh !).

Sea Song(e)s aurait mérité peut-être un lieu mieux adapté (ce n’est pas grave, l’essence même de la musique était bien présente, Robert Wyatt a dû lui aussi jouer dans des conditions bien plus précaires).
Ne pas oublier notre Charentais national, Didier Frébœuf, qui s’est lancé pour la première fois en solo et en live à l’assaut d’un Fender (certains puristes coincés de la note auront pu dire : on le préfère sur un Steinway). Le public et les musiciens présents ont découvert une autre facette de cet artiste qui n’hésite jamais à sortir des sentiers plus que rebattus (Daunik Lazro, Géraldine Laurent, Jean-Luc Petit …)
Et puis Bruno Tocanne l’organisateur de ces trois journées de rêve, a bien sûr mis la main à la baguette. Je retiendrai particulièrement ce formidable trio qui nous a fait vibrer, avec Élodie Pasquier et Federico Casagrande.

Le festival JAZZ(S) A TROIS PALIS, ce fut aussi les prestations musicales en plein air au bord de la Charente, « la plus belle rivière de mon Royaume » (dixit François 1er ).

Ne lâche pas les baguettes, Bruno, je compte sur toi pour un nouveau rendez-vous l’an prochain à Trois Palis. Merci à toi, à celle et ceux qui t’ont accompagné dans cette aventure.
Longue vie à ton festival !

Roger BERTRAND