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Rêveries d’Hokusaï
Gérard Pansanel, Olivier-Roman Garcia, Jean-Marie Frédéric.
Le jazz européen existe avec ses couleurs de Norvège ou de Sicile et, ici, celles de notre sud.
Pour le cas, trois guitaristes globe-trotters qui ont tressé fuseaux horaires et idiomes musicaux se sont mis d’accord sur une halte, celle du Japon.
Gérard Pansanel, Olivier-Roman Garcia et Jean-Marie Frédéric avaient en commun d’y avoir joué, d’avoir été séduits par la vibration du Pays du Soleil-Levant et son histoire millénaire, de s’accorder aussi sur un nom : Hokusaï (1760-1849), artiste protéiforme qui aimait se qualifier de Gakyōjin, entendre «vieux fou de dessins».
Il est vrai qui a laissé un legs de 30.000 dessins avant de déclarer, à l’article de la mort : «Si le ciel m’avait accordé encore dix ans de vie, ou même cinq, j’aurais pu devenir un véritable peintre». Ce génie de l’estampe et précurseur des mangas, pont entre Occident et Orient, suscita pour le moins un écho chez nombre de nos peintres européens, à l’instar des Monet, Gauguin, Sisley et Van Gogh.
Artiste populaire (mort ignoré des milieux aristocratiques) à l’imagination féconde, à la hardiesse du style, à la virtuosité incomparable, il avait tout aussi pour séduire des jazzmen. Son œuvre est l’encyclopédie d’un pays, de sa comédie humaine, de sa nature. Il a un don de l’improvisation, un sens profond de l’expression, des coloris très personnels, une profondeur de champ, de la verve et de la mélancolie, et une perception très confucéenne de l’inachèvement.
Dès lors, pour notre trio, le challenge était évident : trois compositions chacun inspirées d’un ou de plusieurs tableau du maître.
Tigre sous la pluie, Le Rêve de la femme du pêcheur, Kintarô avec ours et aigle, Les Trente-six vues du Mont Fuji, Un coup de vent soudain, La Grande vague de Kanagama, etc… étant les escales de ce voyage en Hokusaï, qui épouse toute la palette chromatique de son inspiration et de sa poésie naïve.
Leurs compositions oscillant entre volubilité et minimalisme, pour un concert impressionniste en dialogue avec un diptyque de projections. «Brume et pluie/ Fuji caché. Mais maintenant je vais / Content» écrivait Bashô.
Frank Tenaille.