Lindsay COOPER, BASSON DANS LES ÉTOILES

Lindsay Cooper performing in 1989Le Cortège avance au rythme d’une marche militaire, Kate Westbrook entonne les paroles de Démocratie d’Arthur Rimbaud, « notre drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour… », les cuivres portent la révolte dans l’orchestre, guitare et basson dialoguent emmêlés, basson hendrixien.

Puis Lindsay seule, basson trituré de sons graves vibrants, au souffle magnifiquement boisé, clapotis distordus des clefs, basson canard, tel le carnaval des animaux, basson reprenant le thème , suivie de Kate au chant, soutenue par le Mike Westbrook Orchestra, « …au revoir ici, n’importe où, conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce… », magnifique hommage à Rimbaud, où Lindsay brille.

The Cortège poursuit sa route, Tuba seul mélancolique, poignant, pour « Böse Zeit » de Herman Hesse, que Phil Minton chante comme un lied, « Maintenant nous sommes silence, et nous ne chantons plus pour personne… ».
Le trio, clarinette alto, violoncelle et basson, de Chris Biscoe, Georgie Born et Lindsay Cooper, étire sublimement cette mélancolie, comme un paysage de brumes à l’aube, au bord d’un lac, un petit matin d’hiver, où la barque du passeur des morts, drapé dans sa grande cape noire, armé de son immense faux, attend celle qui va devoir passer de l’autre côté du fleuve de sa vie qui vient de se terminer, pour aller rejoindre le grand orchestre des âmes, où Lindsay trouvera sa place, pour improviser avec les étoiles.

En réécoutant, « The Cortège », du Mike Westbrook Orchestra, et les pièces où s’illustre Lindsay Cooper, il est saisissant et particulièrement émouvant de l’écouter, dans ces interventions solo, elle qui avait choisit de briller sur ces instruments de l’ombre, le sopranino et le basson, tant l’atmosphère mélancolique qui se dégage de cette œuvre, pourrait ressembler, pour elle qui vient de partir, à un requiem.

Christian Pouget

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