Il n’avait pas sorti son premier disque que tout le petit monde du jazz parlait déjà de lui comme le jeune trompettiste à suivre. Il faut dire que, comme son frère Thomas (pianiste),
David Enhco a été élevé dans une famille de musiciens et qu’il a commencé ses gammes très jeune. Des gammes classiques, d’abord, avant que le vent libertaire de l’adolescence ne le pousse vers les rivages du jazz.
Ainsi n’est-il pas étonnant de le voir, à moins de trente ans, allier une imagination fertile à un très sérieux bagage technique.
A l’inverse de jeunes trompettistes qui veulent jouer plus vite que leur ombre, ce n’est pas du côté des be-boppers qu’il faut chercher ses références mais plutôt vers les européens comme Enrico Rava, Tomasz Stanko ou Palle Mikkelborg.
Manifestement amoureux des beaux sons, David Enhco a fait le sien clair comme de l’eau de roche, ni trop cuivré à pleine puissance ni trop vague dans les moments intimistes.
Une grande maîtrise de l’instrument lui permet tout simplement de faire ce qu’il veut et quand il le veut. Et il sait ce qu’il veut.
Pour « La Horde », titre de son premier disque paru l’an dernier, il ne s’est pas embarrassé à baliser son répertoire de standards ou de morceaux plus ou moins connus mais il a pris la voie la plus difficile, celle de la composition originale du début à la fin de l’album.
D’un bout à l’autre la musique est belle, apaisante, raffinée, inspirée.
Il faut dire que David Enhco a choisi des partenaires de jeu qui partagent avec lui le sens de l’espace sonore et avec qui il a manifestement tissé de belles complicités.
Roberto Negro au piano, Florent Nisse à la basse et Gautier Garrigue à la batterie ne se contentent pas de donner le change mais ils investissent le projet musical du trompettiste avec une grande intelligence.
Loin des modes et de tout revivalisme, voilà un jeune quartet qui a compris que la sobriété est souvent la meilleure alliée de la musique. Une maturité étonnante !
Philippe VINCENT
