Si parfois les inédits ne sont pas des choses inoubliables, cette fin d’année nous proposent deux disques exceptionnels signés par deux des plus grands pianistes de la fin du XXème siècle. D’un côté le complément des bandes enregistrées au Deer Head Inn en 1992 par Keith Jarrett avec Gary Peacock et Paul Motian est à mettre sur l’étagère des meilleurs disques en trio de Keith Jarrett et, de l’autre, ce trio de Petrucciani au Montmartre en 1988 qui laisse nos oreilles encore émerveillées de la “musique totale” qui y est produite.

En congé cette année-là du trio de Jarrett parti jouer en solo, Gary Peacock se retrouve aux côtés du maître Roy Haynes pour constituer un trio avec le pianiste français qui fera cette année-là une seule et unique tournée. Dès le début de ce double CD on sent que les trois musiciens vont mettre la barre très haut et à aucun moment la tension ne va baisser. Petrucciani, dans une forme éblouissante, est pied au plancher pendant presque deux heures, offrant une musique sur vitaminée où les idées défilent à la vitesse de la lumière sous ses doigts semblant sortir d’un entrainement intensif. Les trois musiciens prennent manifestement un plaisir immense à ce bouillonnement de swing et de groove que portent des improvisations lumineuses, chacun se surpassant comme rarement on peut les entendre en disque. Peu importe le matériau joué, que ce soit les morceaux du pianiste ou les standards réinventés dans l’instant, la musique est portée d’un bout à l’autre par une incroyable fulgurance où la musique est gorgée de magie. C’est ce qui fait de cet album le joyau à avoir avant tous les autres de ce musicien fou et génial que fut Michel Petrucciani.

[PhV]