DELCO festival 2024

NÎMES – du 23 au 27 avril 2024

Riche de huit éditions le festival DELCO, toujours, décloisonne et surprend. En cette triste période où triomphent le vulgaire et le rabâché et où les festivals innovants semblent avoir disparus de la circulation, les musique insolites, aventureuses, audacieuses et expérimentales trouvent refuge à DELCO. Cette année à travers OTTO, BRUIT NOIR, THOMAS TILLY, JEAN-LUC GUIONNET, YANN JOUSSEIN, OGINO ou HYPERCULTE le choix était large et singulier.

26  avril 2024 / PALOMA – NÎMES

Le nouveau projet du batteur YANN JOUSSEIN, co-fondateur du collectif COAX se nomme KEEP THE BASTARDS HONEST. Seul aux commandes de ses electronics, le musicien martèle sur sa batterie un rythme lancinant et monocorde, l’agrémentant de quelques détails bienvenus. Pas d’accélération mais au fil des minutes une transe hypnotique nous emportant vers d’autres mondes. Plus loin, le débit devient plus pressant, le volume plus épais, d’autres sons apparaissent, lesquels imposent de nouvelles stratégies rythmiques. Une expérience à nulle autre pareille. Soit la première transe de la soirée.

Amputé de leur bassiste-contrebassiste (Matthieu Halberstadt), OGINO lança le défi du duo. A la batterie ELVIRE JOUVE maîtrise le groove comme personne. Elle frappe fort et dru ici, joue de subtilité ailleurs (on peut la retrouver dans un contexte totalement jazz au sein du Nathan Mollet Trio) et prouve que technique associé à feeling ne conduit pas forcément au désastre. Le guitariste KEVIN ROBERT crée un univers faussement jazz et impose de solides leitmotivs. Mais l’œuvre n’est pas obsessionnelle comme on pourrait s’y attendre car ouverte vers des horizons neufs, là où précisément la transe trouve refuge. Rock expérimental, math rock, OGINO devrait pouvoir intéresser les jazzfans à grandes oreilles.

Contrebasse sommaire et réduite à sa plus simple impression, batterie hypnotique, voix éthérés HYPERCULTE (SIMONE AUBERT & VINCENT BERTHOLET) manient eux-aussi une transe, celle-ci jamais gratuite, le duo ne cachant pas un propos anarchisant. On dira krautpunk ou post-punk (c’est pas moi qui le dit c’est Rock & Folk), cette musique combat le vil capitalisme avec ses armes. Et elles ne sont pas à sous-estimer.

Il faudra donc attendre deux longues années pour retrouver DELCO. C’est le seul grief que l’on puisse adresser à cet essentiel festival.

Luc BOUQUET

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