Drôle d’oiseau que ce trompettiste. Du flamboyant quartet que fut Lucky Dog au quintet d’Emile Parisien d’aujourd’hui (version “Louise”), Yoann Loustalot a néanmoins toujours affectionné les formations où la musique prenait son temps pour aller réveiller nos émotions. Ce fut le cas avec le disque plein de délicatesse “Pièces en forme de flocons” il y a presque dix ans et plus récemment avec son magnifique quartet “Slow” où était déjà le pianiste Julien Thouery. On se demande d’ailleurs si l’Oiseau Rare qu’il fait s’envoler aujourd’hui n’en est pas une suite logique tant c’est avec encore une délicieuse lenteur qu’il développe des idées musicales auxquelles il offre un écrin de velours. Il  a en effet convié trois instruments à cordes pour ce projet mais ne nous méprenons pas, ce n’est pas une section hollywoodienne qui viendrait enrober les solos du leader. Il a parfaitement intégré ce trio classique à sa musique et le résultat est d’une homogénéité surprenante. Peut-être que son peu d’expérience dans l’écriture pour cordes l’a fait se concentrer sur l’essentiel, laissant le tartinage de double-croches à d’autres plumes, mais cette prise de risque lui a donné raison. C’est beau, touchant, et ça ne demande qu’à être disponible pour se laisser aller à rêver.
[PhV]