Forcés d’interrompre pendant de longs mois leur ascension à cause de ce satané covid, le Rempis Percussion Quartet reprend la route des airs en mars 2023 et atterrit dans la sympathique ville de Tours où, précisément, se trouve le Petit Faucheux et où réside non loin de là l’ami Jean-Luc Cappozzo. Hors de question de ne pas inviter le trompettiste-cornettiste et chose est donc faite le 14 mars.
On ne dira jamais assez combien la contrebasse d’Ingebrigt Haker Flaten et la paire Tim Daisy-Frank Rosaly gagnent en maturité au fil des concerts. Complémentaires, les batteurs savent faire usage de subtilité, de maîtrise et de déluges. Les entendre ferrailler ensemble au jeu des questions-réponses ou lors de collages simultanés impose le respect. Bagarreur, Dave Rempis entre dans le jeu des deux percutants, hache menu tout phrasé venant à passer par là et se glisse avec gourmandise au sein de l’orgie sonique. Et bien sûr, à force d’armer leurs crescendos, ils en arrivent à convulser admirablement.
Sur The Exuberant Aubergine (mais où vont-ils chercher tout ça ?), l’invité exorcisme le salivaire, avance lentement dans un bayou ami et signe un chorus efficace et singulier. Et les voici maintenant, tous réunis, pour un final captivant. Ceci pour le premier CD.
Le second CD emprunte d’autres sentiers, batteurs et contrebassiste ouvrant la voie et permettant au saxophoniste de faire acte de lyrisme et d’inspiration. Même si l’étau se resserre –et cela sans jamais compresser l’espace- l’intensité ne bat jamais en retraite et laisse apparaitre de nouveaux territoires, terres d’apaisement et d’explorations avant explosion collective. Maintenant, le dialogue entre drums et sax apparait dans toute son évidence.
Varier les formules en vue d’une homogénéité -qui pourrait se perdre faute de contrôle- n’est en rien un frein aux libertés que s’offrent les quatre musiciens. Ici l’on ne cadenasse pas et l’on s’ouvre à la délicatesse et aux confiances partagées.
Luc BOUQUET