Aux différentes et nombreuses facettes d’Ingrid Laubrock il faudra avec ces Monochromes en rajouter une nouvelle : celle de la musicienne expérimentale. Ici, bandes enregistrées et quartet (Ingrid Laubrock, Jon Irabagon, Zeena Parkins, Tom Rainey) se rejoignent, s’entrechoquent, s’opposent et, toujours, tissent une prégnante étrangeté.
Se présentent ainsi dans cette suite des entités pas toujours identifiables : un épais matelas sonique s’efface au profit de deux saxophonistes aux phrasés intimes ou perçants, le rythme éclaté évoque la fureur du free d’antan, le cri se porte sensible ou foudroyant. Maintenant, l’horizon se veut brûlant et zébré par la harpe électrique de Zenna Parkins et les sonambient sculptures d’Harry Bertola.
Ici, entre soleil et pénombre, Ingrid Laubrock s’ouvre à de nouvelles résonances, bien loin des stratégies et des évidences. Ici, vous l’aurez deviné : on expérimente.
Luc BOUQUET