Deux territoires que l’on croyait tout d’abord étroits s’élargissent. Le souffle du saxophone ténor s’affirme, le piano délaisse son antre, crispe l’harmonie. L’arc se tend, les harmoniques affleurent, le sifflement s’offre au silence. Le dialogue se porte large, s’épaissit avant de s’évanouir sans préavis (Bark).
Au début était le rythme et ses possibles échappées. L’un et l’autre s’accordent pour ne pas envahir le cercle tout en refusant le diktat des rythmes. Rythmes encerclés ou émergeants laissant à la clarinette contrebasse le choix de caqueter ou de fignoler l’ultra-aigu. Maintenant les harmonies s’indisposent, les oppositions ne se taisent plus. Le silence interrompt l’échange (Scab).
Haussement de ton entre sopranino et piano. Improvisation débridée, plays et bosses, heurts et carambolages. Ils en oublieraient presque de respirer. Les fauves se lâchent. Ou plutôt des moustiques teigneux et voraces. Résonnent désormais les souffles salivaires et les cordes frottées. Ces mêmes souffles deviennent pénombres. Et la nuit prend place (Crisp).
Soit Didier Frébœuf et Jean-Luc Petit captés (magnifique mise en sons et espaces) à l’Impromptu de Bordeaux le 11 novembre 2022 par monsieur Fou Records alias Jean-Marc Foussat, « l’enregistreur » de tous les possibles.
Luc BOUQUET