Entre la Slovène résidant à Copenhague Kaja Draksler et la Portugaise vivant à Stockholm Susana Santos Silva, le courant passe. Mais nul besoin d’électricité puisque c’est acoustique qu’elles se produisirent au Copenhagen Jazz Festival le 7 juillet 2021.

Aimant à triturer-débusquer les sons (piano préparé, techniques étendues…), les deux musiciennes improvisatrices plongent dans l’obsession à cœur ouvert. Si la pianiste aime à creuser l’arpège jusqu’à l’usure, la trompettiste nous surprend à s’ouvrir à la mélodie. C’est ce que nous semble dire Moonrise, première plage du disque.

Mais, n’oubliant pas leur passé de baroudeuses, elles réintègrent rapidement les joyeux chemins de l’expérimentation. Modulation autour d’une même note, continuum du souffle, cordes frottées, objets bondissants sur ces mêmes cordes, les instruments, soudainement percussifs, s’ouvrent aux dialogues, s’accouplent en des chaos soniques élevés, débusquent ce qui n’était jamais apparu jusqu’ici, rugissent d’un cri d’outre-tombe avant de retrouver l’obsession originelle.

Jouant de clarté, de clair-obscur et surtout d’insistances quant aux matières, nos deux musiciennes explorent cette dernière avec un engagement non feint, exemplaire. Et cela est souvent magnifique.

Luc BOUQUET