C’était il y a treize ans déjà : Marteau Rouge (Jean-Marc Foussat, Jean-François Pauvros, Makoto Sato) et Haino Keiji étaient captés sur le vif par des microphones intègres, parfaits témoins de l’ambiance de feu et de cendres qui régnait en cette soirée du 13 juillet 2009 au festival de Luz Saint Sauveur.

En quelques minutes à peine, les deux guitares entrèrent en fusion et lacérèrent la matière sonore : deux guitares amies certes mais aux esthétiques distinctes. On en oublierait presque que derrière tout cela Makoto Sato martèlait sans discontinuer. Pour le batteur, le silence est un ennemi à abattre, point à la ligne. Quand cela se calmait un peu, on remarquait le quatrième homme : Jean-Marc Foussat et son célèbre VCS3. Sons indéfinis, messe païenne, drones omniprésents, il œuvrait lui-aussi à ce chaos profond, chaos profond et semble-t-il sans fin.

Ainsi, sur le vif et sur le fil, ils continuent. Parfois, ils peinent à trouver un terrain à conquérir mais celui-ci pénétré, on peut parier sans trop de risque que cela ira crescendo, tendance saignant voire bleue. Un archet viendra bien survoler les terres dévastées en un semblant de consonance et d’apaisement mais le mal est fait et à refaire, des cloches venues d’on ne sait où seront là pour sonner l’apocalypse. Mais, après tout, l’apocalypse n’est-elle autre chose que la Révélation ?

Luc BOUQUET