Jazzèbre « El Médiator » Perpignan 10 avril 2015
Au commencement, il n’y avait rien que le silence, le vide mystérieux avant cet imperceptible battement, cette pulsation, ce rythme originel, cette boite à rythme biologique, ce cœur tempo irriguant de sang, veines, artères, cerveau, flux d’oxygène, air s’engouffrant brutalement dans les poumons, inspiration, apnée, puis expulsion d’air vibrant sur les cordes vocales, jaillissement du cri primal.
Autour de ce nouveau-né, onomatopées, feulements, borborygmes, scansions, souffles, murmures, soupirs, grognements, gargouillis, polyphonie progressive de voix, polyrythmie de peaux tendues, frappées, caressées, frottées, percutées, roulements telluriques, bruissements, échos démultipliés, claquements de langue, rugissements de gorge, aspiration, expiration, cris étouffés, martellements, dialogue crescendo, hystérique, au milieu de la nuit des temps.
Quelques centaines de milliers d’années plus tard, le chant naquit du néant, porté par l’évolution complexe des rythmes, la voix s’élevant mû par la pulsation, la musique semblant se dissoudre dans l’air et le silence, après ce dialogue tribal.
La voix et les percussions d’Andreas Schaerer et Lucas Niggli, nous rappellent l’aube des temps, où les hommes ont inventé le langage et la musique, et leur duo extraordinaire, relève de la métaphysique.
Christian POUGET