John Tchicai est né en 1936 à Copenhague d’une mère danoise et d’un père congolais. Après une formation au Conservatoire Royal de Copenhague, Il participe activement à l’explosion du free jazz à New York dans les années 60 avec Archie Shepp, Albert Ayler, Don Cherry et joue avec John Coltrane dans l’album historique Ascension. C’est en 2001 qu’il s’installe définitivement à Claira près de Perpignan avec Margriet.
J’ai fait sa connaissance en 2006. Il était d’un mutisme absolu sur sa vie et ses sentiments. Je savais seulement qu’il était de nationalité danoise, ce qui paraissait une blague, et qu’il avait vécu aux US. J’ai assisté à tous les concerts dont j’ai eu connaissance jusqu’à son décès. Au Café Ubu, Place Rigaud, au Palais des Rois de Majorque, au Théâtre Municipal, à la salle des Fêtes de Claira. J’étais également invité en 2006 avec mon épouse à une réception chez des amis danois dans un petit village au pied du Canigou, où avec son Danish Jazz Band il a donné une aubade.
Bien sûr, pour tous les amateurs de jazz, il était auréolé de son prestige de héros du free jazz aux USA. S’y mêlait inextricablement l’épopée de la lutte non violente des noirs afro-américains pour leurs Droits Civiques animée par le Pasteur Martin Luther King, mais aussi de celle moins pacifique de Malcom X et autres militants du Black Power. De Bobby Steele à Huey Newton, Bobby Hutton, Stokely Carmichael, Fred Hampton, Eldridge Cleaver ou Angela Davis, et bien d’autres, dont un grand nombre périt assassinés plus ou moins directement par le FBI.
Sans jamais en tirer parti, pas plus que de sa connaissance du jazz et de la maîtrise des instruments les plus variés dont il aimait faire la démonstration, il avait forte présence et grande allure dès qu’il montait sur scène et commençait à jouer. On était impressionné par la concentration tranquille qui émanait de lui mais, sa prestation terminée, il était pourtant d’une simplicité, d’une humanité et d’un abord incroyablement facile et chaleureux qui expliquait ses succès de pédagogue et l’attachement de ses collègues musiciens dont j’ai pu entendre quelques témoignages, lors de ses obsèques dans l’intimité en octobre 2012.
C’est pourquoi, j’ai toujours ressenti un plaisir très particulier à le dessiner.
Georges Wursteisen