Les Emouvantes rentrent au conservatoire

En 2020, le festival a proposé une version originale et inédite: Le programme initial de 2020 était reporté en intégralité pour 2021, et suite aux obligations gouvernementales dues aux conditions sanitaires liées à la Covid, l’organisateur a demandé à l’ensemble des musiciens initialement programmés d’imaginer un festival sur deux ans: une esquisse, “en solo ou duo de ce qu’ils proposeront en 2021 avec leurs formations complètes”.
Le résultat, surprenant, avait fait dire au fondateur du label Émouvance : “Finalement, c’est étonnant de voir comme la contrainte est génératrice de créativité”.

Cette année, c’est impatients et curieux que les festivaliers imaginaient découvrir la version complète du festival au Théâtre des Bernardines, lieu devenu habituel ces dernières années.

Surprise ! “En effet cette année 2021 verra le Festival les Émouvantes s’installer au Conservatoire Pierre Barbizet de Marseille, suite à la très dynamique invitation de son directeur Raphaël Imbert” annonce l’équipe organisatrice.

En début des quatre soirées du festival, Claude Tchamitchian, directeur artistique, rappelle “ce nouvel ancrage” en remerciant chaleureusement le saxophoniste directeur du conservatoire -hôte de l’événement-, ainsi que le Marseille Jazz Festival des Cinq Continents et le Charlie Jazz Festival pour le matériel et le personnel venu aiderà la dynamique équipe des Émouvantes.

La distance entre les deux lieux se mesurant en mètres, 160 mètres  annoncés par Waze l’application mobile d’assistance, la différence n’est pas sur la localisation géographique, mais sur le symbole de lieu. En effet, c’est dans ses murs que la première classe de jazz en France a été créée en 1968 par Guy Longnon au Conservatoire de Marseille, “Le jazz était interdit dans les conservatoires, confie Pascal Anquetil, responsable du jazz à l’IRMA.”

Les bâtiments sont impressionnants, le portail en fer forgé où est accroché l’affiche du festival fait sentir que ce lieu est un sanctuaire de la création artistique.

Les salles où se déroulent les concerts sont chargées d’histoire, comme si les grands musiciens qui sont passés dans cette institution étaient là pour accompagner et veiller sur les brillants artistes qui vont, au cours des 8 concerts de la programmation de la 9ème édition du festival, ravir les festivaliers.

Cette chronique pourrait s’arrêter là, mais cela serait frustrant pour les malheureuses personnes qui n’ont pas eu la chance d’assister à ce bel événement.

La situation est inédite, les spectateurs assistent  au même programme deux années consécutives. L’envie de comparer va-t-elle être dominante et empêcher de savourer la version 2021 du menu musical ?

Non ! le résultat est bien différent: certains concerts comme “EMOTIONAL LANDSCAPES” du David Chevallier Septet diffèrent totalement. En 2020, le guitariste était seul à la guitare électrique. Aujourd’hui, entouré de six autres musiciens, le guitariste au théorbe et à la guitare baroque présente  “des chansons de la star islandaise Björk pour les confronter à un instrumentarium baroque”.

Pour “HYMNES À L’AMOUR, DEUXIÈME CHANCE” de Christophe Monniot & Didier Ithursarry, la surprise est moins importante, car le duo est le même, la qualité des morceaux et la spontanéité des deux compères est toujours aussi fraîche et séduisante.

Le dernier concert, “TEMPUS FUGIT” du Caravaggio Quartet, est une version enrichie de la présentation en duo de Benjamin De La Fuente et Eric Echampard de 2020. Samuel Sighicelli et Bruno Chevillon, non présents l’année dernière, apportent un aboutissement Caravaggien.

L’édition 2021 du Festival est la preuve que les idées reçues sont inutiles, comme “que cette année serait une redite de 2020”. Seule la réalité du live compte, sans doute est-ce la raison qui poussent les festivaliers à se donner déjà rendez-vous pour 2022.

Texte : Jean-Constantin Colletto
Photos : Jean-Yves Molinari

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