Gilles Perrin s’est éteint le 2 janvier dernier dans un hôpital de la banlieue parisienne. Fils de la chanteuse et fondatrice des Double Six Mimi Perrin, Gilles montra vite des aptitudes inouïes pour la musique. Doué de ce qu’on appelle “l’oreille absolue”, il fut 1er prix de solfège au Conservatoire de Paris à un âge où les enfants préfèrent le football et les bacs à sable. Il avait choisi les percussions comme instrument de prédilection et était encore adolescent lorsqu’il entra dans l’orchestre de Gilbert Bécaud. Le monde rutilant de “la variété” lui avait ouvert ses portes et sa jeunesse lui fit suivre ensuite Michel Fugain, Claude Nougaro, Johnny Halliday et d’autres sur les routes des salles combles et des soirées qui se terminent à l’aube. Fort de son ascendance, il avait vu défiler à la maison Dizzy Gillespie, Quincy Jones, Phil Woods et d’autres amis musiciens de sa mère et il avait toujours gardé un bout de pied dans le jazz. Participation aux disques des autres comme ceux de Benoit Wideman ou du groupe vocal “Vox Office” où il apporta son expertise. Comme co-leader, on retiendra son disque avec Richard Galliano et le violoncelliste Jean-Charles Capon paru en 1982 sur le label de Patrice Caratini (réédité sous le titre “Blue Rondo à la Turk” chez Frémeaux et Associés), annonciateur d’un jazz français qui allait prendre des chemins de traverse. Au-delà de son activité de musicien, Gilles était quelqu’un qui se reconnaissait d’abord à son sourire immense, preuve d’un appétit de la vie qui lui faisait oublier les douleurs et les servitudes de l‘existence. Vous retrouverez ce sourire et son humour dans le clip “Quincy Jones et les Double Six » sur le site “Dans l’ombre des studios”. Ravageur !
Philippe Vincent