Médéric COLLIGNON

Mérédic Collignon  © Alexandre Lacombe
Mérédic Collignon
© Alexandre Lacombe

Solitaire dans son château en ruine, le vieux roi Crimson se morfondait, se remémorant l’âge d’or de ses jeunes années, où se pressaient à sa cours, les plus brillants troubadours de Canterburry, musiciens d’avant-garde qui comblaient sa passion mélomane, inventant pour lui des œuvres épiques, mêlant à leurs racines ancestrales, des sources d’inspiration inconnues, venues de continents lointains, pour inventer un monde musical nouveau, flamboyant.

Alors qu’il rêvait nostalgique de Robert Le Frippé, l’un des meilleurs créateurs de ce paradis musical perdu, le chambellan du vieux roi, vint l’informer, qu’un jeune musicien demandait audience, pour le divertir.

Bougonnant, avachit sur son trône délabré, Crimson acquiesça contre l’ennui, pour que l’on fasse entrer le Sieur Médéric, et ses sept acolytes.

De son nom Collignon, le jeune trublion sautillait dans la salle comme un cabris, son cornet de cuivre en main, poussant des petits cris de bête sauvage, sifflotant, vociférant des borborygmes, tel un sorcier en transe, pendant que ses musiciens s’installaient autour de lui, devant le roi somnolant dans sa mélancolie.

« Red » éclate, faisant sursauter Crimson dès les premières mesures, le plongeant soudain dans un bain de jouvence inespéré, comme une renaissance d’écouter cette musique qu’il connaît si bien, mais qu’il n’a jamais entendu sonner aussi différemment, chargée de cette incroyable énergie.


Médéric et son commando, Jus de Bosce, mercenaires tout terrain, soutenus de quatre archets fines lames, broient, concassent, triturent, réinventent la musique de Robert Le Frippé, enchaînant avec une maestria dé-coiffante, « Lark’s tongues in aspic », « Vroom », « 21st century schizoid man », raz de marée sonore d’une folle richesse, sonorités fulgurantes, rythmes syncopés, binaires, ternaires, éclats du cornet distordu au travers des effets électroniques, fender rhodes telle une guitare métal, cordes enflammées du quatuor à l’unisson, paysages apaisées d’où émergent des crescendos incendiaires.

Le Roi Crimson stupéfait, écoute bouche bée, Collignon et sa clique de sauvages, transformer la musique de King Crimson sans la trahir, en la renouvelant comme jamais entendue, l’enrichissant de timbres, de saveurs rares, avec passion, amour et virtuosité.

Christian POUGET

 

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