Jimmy Giuffre « New York concerts 1965 » / Elemental music via distrijazz
Sans avoir regardé la pochette du coffret de ces concerts inédits, pour jouer à une écoute à l’aveugle, (blindfold test comme dirait JP Gambier), on aurait pu croire entendre Sam Rivers en trio, avec Dave Holland et Barry Altschul, tant la musique joué par ce saxophoniste ténor, avec cette rythmique contrebasse et batterie, résonnent telle les rencontres de musiciens aventureux des années soixante, aussi libres que l’air, le vent, les oiseaux, les papillons et les moustiques, au milieu de cette vallée où roule ce train et coule cette rivière, chers à Giuffre.
Jimmy à traversé en créateur discret comme peu d’autres, des courants musicaux aussi différents que ceux de la Côte Ouest, avec sa science du contre-point, le folklore « country » teinté de blues, façon «américana», le jazz libre, dit «free», inventé un «jazz de chambre avant-gardiste», annonciateur de la «free-music» européenne, exploré le jazz électrique tendance « bulletin météorologique », le tout avec l’approche d’un anthropologue naturaliste musicien, marquant un long silence phonographique de 10 ans, sans cesser de jouer, comme nous le révèlent ces deux concerts inédits.
Ces enregistrements réalisés en trio et en quartet à New York à quelques mois d’intervalles en 1965, d’une qualité sonore époustouflante, nous plongent dans cette période de Giuffre que l’on ne connaissait pas, après son trio novateur avec Paul Bley et Steve Swallow, où il explore avec Richard Davis et Joe Chambers, puis Don Friedman, Barre Philips et Chambers, les méandres aventureux du «free-jazz», avec son style de chercheur, curieux d’inconnus sonores.
A l’écoute d’une telle musique, on a l’impression d’être un pêcheur d’épave, découvrant des pièces rares immergées dans les cales d’un bateau naufragé, remontées à la surface cinquante ans plus tard.
Bonne pêche au trésor, découverte majeure !
